La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) appelle les autorités ivoiriennes à mener une lutte "plus engagée" et "plus cohérente" afin de juger les auteurs des crimes liés à la crise post-électorale qui a fait 3 000 morts dans le pays entre 2010-2011.
Dans un rapport présenté mardi à Abidjan, la FIDH dresse un "constat critique" des avancées judiciaires menées dans le pays depuis la fin de la crise post-électorale non sans appeler les autorités à mener une lutte "plus engagée" et "plus cohérente" contre l'impunité.
"Les avancées réalisées par la justice ivoirienne sont aujourd'hui insuffisantes pour entrevoir dans un avenir proche un grand procès de la crise post-électorale dans des conditions acceptables", a estimé M. Patrick Baudoin, président d'honneur de la FIDH. Il est également responsable d'un groupe d'action judiciaire qui s'est constitué partie civile pour défendre 75 victimes issues des deux camps de la crise post-électorale, pro-Gbagbo et pro-Ouattara.
Selon la FIDH, la lutte contre l'impunité est marquée par "l'absence de poursuites" contre les pro-Ouattara alors que les procédures concernant les pro-Gbagbo connaissent des "avancées certaines".
Au moins 80 partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo ont été inculpés et emprisonnés par la justice ivoirienne et M. Gbagbo lui-même est en détention à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye alors qu'aucun partisan de M. Ouattara n'est inquiété par la justice nationale et internationale.
Selon un rapport de la Commission nationale d'enquête mis en place par le gouvernement ivoirien publié en août 2012, la crise a fait 3 248 morts dont 1 452 imputables aux forces pro-Gbagbo et 727 aux FRCI (Forces républicaines de Côte d'Ivoire, pro-Ouattara).
"Les enquêtes et les procédures judiciaires doivent être considérablement rééquilibrées pour garantir à toutes les victimes le droit à la vérité, à la justice et à la réparation", a insisté M. Baudoin.