Bien que destitué et emprisonné depuis près de trois mois, celui qui fut le premier président élu démocratiquement en Egypte n'a rien perdu de sa superbe ni de sa pugnacité. Accusé d'avoir incité la police à tuer des manifestants en décembre 2012 et comparaissant aujourd'hui devant la justice de son pays, il a défié ses juges, amenant ceux-ci à ajourner le procès.
Appelant à « juger les leaders du coup d'Etat militaire » et qualifiant d'« illégal » le tribunal devant lequel il doit être jugé, Mohamed Morsi a déclaré « Je suis le président de la République et ce tribunal est illégal ». « C'était un coup d'État militaire, les leaders de ce putsch devraient être jugés » pour « trahison » et « crime », a-t-il ajouté.
Destitué par l'armée qui s'était appuyée sur les millions d'Égyptiens descendus dans la rue fin juin pour réclamer le départ d'un président qu'ils accusaient d'accaparer les pouvoirs au profit de sa confrérie et de vouloir islamiser la société à marche forcée, Mohamed Morsi est apparu en bonne forme et combatif, d'autant plus que ses partisans, qui dénoncent eux un « procès politique » se sont rassemblés en plusieurs endroits de la capitale où ont été déployés pour l'occasion 20 000 policiers et soldats. Manifestant sa colère et ayant interrompu l'audience à plusieurs reprises, il a amené le tribunal à suspendre les débats avant d'ajourner le procès jusqu'au 8 janvier.