Les combats qui opposent depuis avril 2012 les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC) constituent un obstacle de taille sur le chemin de retour des centaines de déplacés internes et pour le processus de paix engagé en RDC et dans la région des Grands Lacs.
La signature d'un accord de paix le 12 décembre à Nairobi par le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23, prévoyant la fin de la rébellion du M23, sa transformation en un parti politique légitime, l'amnistie pour ses membres et des dispositions sécuritaires de transition menant au désarmement, a constitué, selon le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, "une étape positive vers la fin des cycles de conflits meurtriers" dans le pays ravagé par la guerre.
Les efforts des organisations régionales, de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et de la communauté internationale contribuent à la pacification de l'est de RDC. A l'heure actuelle, les personnes déplacées ont commencé à regagner leurs domiciles après avoir passé un moment douloureux dans des camps de réfugiés.
Les agences des Nations unies ont annoncé que, depuis le début de la crise dans l'est de la RDC, plus de 910.000 personnes ont trouvé refuge dans plus de 30 camps dans la province du Nord-Kivu.
Le M23 avait pris le contrôle de plusieurs localités du Nord-Kivu, où il aurait commis de nombreux crimes. Cependant, depuis octobre, les FARDC ont progressivement reconquis, avec l'appui de la MONUSCO, les territoires jadis occupés par le M23.
Le 5 novembre dernier, le M23 a annoncé la fin de sa rébellion après avoir été chassé par l'armée de ses derniers bastions.
La crise qui fait rage dans l'est a des origines très complexes qui expliquent la création jour après jour de nouveaux groupes armés que la brigade d'intervention de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et les FARDC doivent combattre et éradiquer.
Les activités des groupes armés nationaux et étrangers dans l'est de la RDC ont créé un climat d'insécurité dans la province du Nord-Kivu qui est également l'épicentre des conflits qui se propagent dans les autres pays de la région des Grands Lacs.
Face à cette situation, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), une organisation régionale qui regroupe douze pays et qui a pour objectif de promouvoir la paix et le développement durable dans la région, l'Union Africaine (UA) et les Nations Unies (ONU), ainsi que d'autres organisations politiques régionales, ont conjugué leurs efforts pour restaurer la paix dans la partie orientale du pays, qui est en proie à une instabilité chronique depuis deux décennies.
Insistant fermement sur le fait que le recours au processus politique est essentiel pour mettre fin à la crise congolaise, la CIRGL s'est engagée à mettre fin à la crise congolaise à travers les pourparlers de Kampala entre le gouvernement de la RDC et les rebelles du M23.
Les négociations, qui ont déjà été suspendues à plusieurs reprises depuis leur ouverture le 9 décembre 2012 après avoir été organisées avec peine à Kampala (la capitale de l'Ouganda, qui exerce actuellement la présidence de la CIRGL) se sont terminées sur une note positive : la signature de l'accord de paix à Nairobi entre les autorités de la RDC et le M23.
Cela a confirmé à nouveau que des organisations régionales ou continentales plus fortes, plus unies et plus actives peuvent contribuer au règlement pacifique des problèmes régionaux.
"L'implication de la CIRGL a été palpable dans la résolution de la crise dans l'est du pays", a expliqué par téléphone à Xinhua Philipe Biyoya, politologue et professeur de Relations internationales à plusieurs universités de Kinshasa.
Selon lui, si les rebelles du M23 ont quitté la ville de Goma après l'avoir occupée pendant plusieurs jours, c'était notamment grâce à la décision de la CIRGL qui avait demandé l'ouverture des pourparlers de Kampala.
La fin de la rébellion du M23 constitue une étape importante pour garantir une paix durable dans l'est de la RDC et dans toute la région des Grands Lacs, estiment les envoyés spéciaux internationaux pour la RDC et la Région des Grands Lacs qui ont été témoins de l'évolution de la situation dans la région.
Néanmoins, le gouvernement de la RDC est toujours confronté à une série de défis sérieux, tels que l'éradication de tous les groupes armés tant nationaux qu'étrangers qui écument l'est de la RDC, la réalisation d'une paix durable et le rétablissement de l'autorité de l'Etat dans cette région.
La reddition du M23 pourrait ne pas apporter immédiatement la stabilité dans l'est de la RDC, et les problèmes liés aux autres groupes armés devraient continuer pendant un certain temps.
"La force ou l'action militaire ne va pas résoudre le problème sécuritaire en RDC et dans la région. Il faut des moyens politiques pour la recherche des solutions aux causes profondes", a souligné le professeur Biyoya.
"Les pays membres de la CIRGL doivent maintenant s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité de la CIRGL avec des questions comme la sécurisation des frontières, le renforcement de la coopération minière, surtout pour la RDC, et la politique de bon voisinage ", a-t-il ajouté, avant d'inviter également la communauté internationale à poursuivre ses efforts dans la recherche d'une solution politique permettant de véritablement mettre fin aux souffrances de la population civile congolaise.
En outre, il est également nécessaire pour la CIRGL de promouvoir la mise en oeuvre des engagements de l'accord d'Addis Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération de la région des Grands Lacs, signé en février dernier entre le gouvernement de la RDC et dix autres pays de la région.