Les milices d'autodéfense anti- Balakas (anti-machettes), pointées comme le principal instigateur de la poursuite des violences en République centrafricaine (RCA) face aux ex-rebelles de la Séléka, sont disposées à dialoguer avec les autorités de Bangui afin de cesser leurs actions qui perturbent le processus de transition en cours, a déclaré à Xinhua Patrice Edouard Ngaïssona, coordonnateur général de ces groupes armés fidèles au président déchu François Bozizé.
En dépit des multiples appels à déposer les armes lancés à tous les groupes armés de la RCA par la présidente de la transition Catherine Samba-Panza dès son élection en janvier à la suite de la démission forcée de Michel Djotodia, leader de l'ex-coalition rebelle de la Séléka, les milices anti-Balakas ont continué de semer la terreur et la désolation au sein d'une population qui ne cesse de compter les morts et d'opter pour l'exode pour fuir les exactions commises en meme temps par les ex-Séléka.
Leur récente offensive le 5 décembre 2013 dans la capitale contre les positions des ex-Séléka, alors au pouvoir à Bangui depuis la chute du régime de François Bozizé neuf mois auparavant, a fait plus de 1.400 morts et quelque 960 blessés, selon un dernier bilan communiqué la semaine dernière à Xinhua par la Croix- Rouge centrafricaine.
Qualifiées d'"extrémistes" par les autorités de transition, ces milices sont désormais aussi considérées comme un "groupe terroriste"par la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), une force composée de soldats de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC, organisation régionale à laquelle la RCA appartient), sous mandat de l'Union africaine (UA) et avec l'autorisation des Nations Unies afin d'aider à restaurer la paix et la sécurité dans ce pays.
Patrice Ngaïssona, pour sa part, demande une "reconnaissance nationale" de la part des autorités de Bangui au profit de son organisation répartie en plusieurs factions. Il dit aussi tendre la main pour le dialogue.
"On attend que le gouvernement nous fasse un geste pour qu'on puisse dialoguer et arrêter toutes les hostilités car, la paix n'a pas de prix", a-t-il déclaré à Xinhua lors d'un point de presse mardi à son domicile de quartier Boy-Rabe, véritable fief des milices anti-Balakas à Bangui.
Cette déclaration intervient au lendemain d'une nouvelle flambée de violences au cours de laquelle une soixantaine de personnes ont été tuées dans des heurts avec des soldats tchadiens de la MISCA et un attaque à la grenade de civils musulmans contre des populations chrétiennes lors d'une cérémonie de funérailles en fin de semaine dernière dans la capitale centrafricaine, selon des sources officielles.
Edouard Ngaïssona a qualifié les tueries de PK12 de samedi de " complot de l'armée tchadienne pour déstabiliser le pouvoir" en place.
Les soldats tchadiens, qui ont déclaré avoir riposté à une attaque, avaient tiré à bout portant sur la population civile dans les quartiers nord de Bangui lors d'un convoi de leurs ressortissants rapatriés à N'Djamena, faisant une trentaine de morts et plus d'une centaine des blessés, selon des sources officielles.
Selon le chef des anti-Balakas, parmi ces soldats se trouvaient plusieurs ex-rebelles de la coalition Séléka, masques sous la tenue de la MISCA, une affirmation consistant à soutenir les accusations de complicité avec les anciens homes forts de Bangui dirigées contre le contingent tchadien de la MISCA.
Edouard Ngaïssona, ancien ministre de la Jeunesse sous le régime de François Bozizé, est poursuivi par la justice centrafricaine pour "complicité de tueries et assassinats" à l'époque de l'ancien pouvoir.