Vingt-quatre heures après son arrestation à Bangui par des soldats de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous autorité africaine (MISCA), le coordonnateur général des milices d'autodéfense anti-Balakas (anti- machettes), Patrice Edouard Ngaïssona, a été libéré et placé sous surveillance judicaire vendredi, annonce le procureur général de la République près le tribunal de grande instance de Bangui, Ghislain Grésénguet.
"Ngaïssona devra se présenté mardi et vendredi pour qu'on puisse s'assurer de sa présence dans le pays", a déclaré le magistrat à Xinhua au terme de l'audition du leader des miliciens anti-Balakas qui continuent de semer la terreur dans la capitale et d'autres villes centrafricaines malgré les appels à l'arrêt des violences de la présidente de transition Catherine Samba-Panza et la démission de Michel Djotodia que cette organisation fidèle au président déchu François Bozizé combattait depuis sa prise du pouvoir le 24 mars 2013 avec son ex-coalition rebelle de la Séléka.
Avec d'autres ténors du régime de François Bozizé, Patrice Edouard Ngaïssona fait déjà l"objet d"un mandat d"arrêt international, lancé depuis le 29 mai 2013 par la justice centrafricaine pour "crimes contre l'humanité et incitation au génocide, complicité de tueries et assassinats".
L'ex-ministre de la Jeunesse avait échappé début février à une opération menée par l'armée française et la MISCA, autour de son domicile du quartier Boy-Rabe à Bangui.
Selon le capitaine Francis Ché, porte-parole de la MISCA, son arrestation jeudi à la suite d'une rencontre de la présidente de transition avec les resposables de groupes armés marque l'application de ce mandat. "Les éléments de la MISCA ont appréhendé Ngaïssona sur ordre du général Martin Tumenta. Il a été remis à la justice centrafricaine en présence du procureur de la République. Le reste de la procédure n'engage pas la MISCA", a-t- il déclaré dans un entretien téléphonique avec Xinhua.
Les autorités de transition centrafricaines seraient cependant opposées à cette arrestation, à en croire des sources proches de la présidence contactées par Xinhua.
"Il ne devrait pas être arrêté après la réunion tenue par la présidente. La MISCA pourra choisir un autre cadre, car, cette rencontre avec les leaders des anti-Balakas et ceux de l'ex-Séléka vise à rechercher des solutions à la crise que traverse la Centrafrique", a réagi un conseiller de la présidence.
Le porte-parole des anti-Balakas Emotion Brice Namsio a qualifié dénoncé une "perturbation du processus de dialogue" que les autorités de transition ont déclenché avec les groupes armés, afin de restaurer la paix dans le pays.
Selon la Croix-Rouge centrafricaine, les violences perpétrées par les anti-Balakas et les ex-Séléka ont déjà fait 1.400 victimes et 960 blessés depuis décembre jusqu'en mars dernier.
625.000 Centrafricains vivent aujourd'hui dans 43 camps de déplacés à Bangui et d'autres villes du pays. Des centaines de milliers d'autres se sont réfugiés dans des pays voisins.