Les milices d'autodéfense anti- Balakas (anti-machettes), l'ex-coalition rebelle de la Séléka et la société civile centrafricaine se sont réjouies, estimant qu'elle ouvre la voie à l'apaisement des tensions dans le pays, de la décision de retrait du contingent tchadien de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) annoncée jeudi par les autorités de N'Djamena lors du 4e sommet de Afrique-Union européenne (UE) à Bruxelles en Belgique.
Coordonnateur du groupe de travail de la société pour la sortie de crise en Centrafrique, Gervais Lakosso a qualifié cette decision de "sage" en raison des violences causées par les troupes tchadiennes sur la population civile.
"Les soldats tchadiens se sont mal comportés. Leur présence a toujours apporté l'insécurité, la mort. Le retrait de ces troupes va apporter la solution et créer un climat d'apaisement", a-t-il déclaré à Xinhua.
Des manifestations populaires hostiles aux troupes tchadiennes ont été plusieurs fois organisées dans la capitale Bangui pour réclamer le départ du continent tchadien (850 hommes) de la MISCA, une force de l'Union africaine chargée d'aider à restaurer la paix et la sécurité dans ce pays en proie aux violences et à l'insécurité depuis plus d'un an suite à la guerre de l'ex- alliance Séléka contre le régime de François Bozizé, renversé le 24 mars 2013.
La société civile avait aussi lancé une pétition pour réclamer le départ du contingent tchadien ainsi que des mercenaires tchadiens et soudanais de la Séléka, dirigée par Michel Djotodia. Ce dernier, après avoir été fait chef de l'Etat par intérim après la chute du pouvoir de Bozizé, a été constraint, avec le Premier minister Nicolas Tiangaye nommé par l'accord de Libreville du 11 janvier 2013, à la démission le 10 janvier 2014 par les dirigeants d'Afrique centrale et la France pour cause de persistance des violences.
Les soldats tchadiens sont actuellement déployés dans le nord de la République centrafricaine (RCA).
Ils sont notamment accusés de complicité avec les ex-rebelles de la Séléka à dominance musulmane, avec dans leurs rangs des mercenaires tchadiens et soudanais.
Ces anciens hommes forts de Bangui ont brillé par des exactions et des pillages des biens au détriment de la population.
Emotion Brice Namsio, porte-parole des milices anti-Balakas fidèles au président déchu François Bozizé, parle pour sa part d'un "soulagement pour le peuple centrafricain et pour les combattants anti-Balakas".
Mohamed Moussa Dhaffane, membre fondateur et porte-parole de la Séléka, salue quant à lui une "décision courageuse" du gouvernement tchadien.
"Le président tchadien Idriss Déby Itno est un homme expérimenté. C'est une décision courageuse. Mais nous de la Séléka, nous sommes partants pour la reconciliation, car, rien ne vaut la paix", a-t-il déclaré.
Le contingent tchadien a perdu en Centrafrique 13 soldats dans des heurts avec les milices anti-Balakas et la population civile.
Au sein de la population centrafricaine, des inquiétudes sont toutefois exprimées face à la décision de retrait jugée par certains de "brutale, pouvant cacher des intentions malveillantes du Tchad sur la Centrafrique".
Même si, pour d'autres personnes affirment souhaiter que le processus annoncé se fasse "très rapidement afin d'apaiser la tension entre les chrétiens et les musulmans".
Selon une source proche du Conseil national de transition (CNT, Parlement provisoire), cette décision est une émanation du peuple centrafricain qui a tant souffert des pires atrocités des soldats tchadiens.