Dernière mise à jour à 08h49 le 24/02
Les magistrats burkinabè ont annoncé, lundi à Ouagadougou, qu'ils entameront une grève du 24 février au 1er mars pour exiger du gouvernement "plus d'indépendance de la justice" et de meilleures conditions de vie et de travail.
Le secrétaire général du Syndicat autonome des Magistrats du Burkina (SAMAB), Antoine Kaboré, a exigé du gouvernement, au cours d'une conférence de presse, "les moyens pour qu'on puisse faire notre travail", notamment "une autonomie financière pour le pouvoir judiciaire".
Ces derniers temps, une vive polémique sur des groupes d'auto-défense occupe l'actualité au pays, la société civile, le pouvoir politique et les magistrats ont pris position pour ou contre ces associations.
Dans cette optique, il ressort d'une rencontre entre les responsables des ministères de la Justice, de la Sécurité et de la Défense nationale que "de graves dérives ont été notées quant aux atteintes aux droits humains et à la pratique d'actes illégaux de police judiciaire" au niveau de ces associations d'auto-défense appelées "Koglweogo".
Les magistrats burkinabè avaient déjà tiré sur la sonnette d'alarme en exigeant du gouvernement le démantèlement immédiat de ces associations qualifiées de "structures privées, informelles de gestion des questions sécuritaires, judiciaires et pénitentiaires".
Le Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples (MBDHP), pour sa part, a condamné les méthodes qualifiées de "barbares" et non conformes à la loi d'une de ces associations opérant dans le Centre-Est du pays.
Des spécialistes de la sécurité estiment que ces associations d'auto-défense sont nées de façon spontanée et ne sont pas reconnues légalement alors qu'elles "répondent à un besoin réel de sécurité des populations".
"C'est cette soif de justice de la population qui a amené à la création spontanée de ces associations d'auto-défense", font remarquer les spécialistes qui pensent que mieux encadrées, ces associations peuvent rendre un grand service à la nation entière.
"En guise de solution, il a été préconisé une approche prenant en compte la sensibilisation par la communication dans le sens de les amener à se conformer à la loi, à respecter les droits humains et les procédures judiciaires", ont-ils écrit dans un communiqué.
Même si les populations, pour la plupart, trouvent que ces associations apportent un plus à la sécurité des villageois, il n'en demeure pas moins qu'elles demandent leur encadrement afin qu'elles se conforment à la loi, selon les juristes.
Réaffirmant la responsabilité exclusive de l'Etat à assurer la sécurité des populations, le gouvernement reconnaît toutefois que ces associations doivent être encadrées par les structures habilitées de sécurité dans le respect de l'autorité de l'Etat.