Dernière mise à jour à 08h32 le 22/12
La petite poignée de partenaires diplomatiques de Taïwan s'est encore réduite avec la décision de la petite nation africaine de São Tomé et Príncipe de rompre les relations formelles avec l'île. La décision, confirmée par Taipei mercredi après une décision du gouvernement de São Tomé, aura néanmoins peu d'impact direct sur Taïwan. São Tomé a longtemps bénéficié de l'aide économique de Taïwan, et les échanges bilatéraux l'an dernier ne totalisaient qu'un chiffre minuscule 358 000 Dollars US, par ailleurs très majoritairement en faveur de Taïwan.
Mais ce changement réduit à 21 les gouvernements qui ont des « relations diplomatiques formelles » avec Taïwan. Elle marque également un échec pour la dirigeante taïwanaise Tsai Ing-wen, en dépit de son récent appel téléphonique avec le Président élu des États-Unis Donald Trump qui a récemment évoqué une position plus ferme envers Beijing. De son côté, Lin Chong-Pin, ancien vice-ministre de la Défense de Taïwan, a déclaré que « Il s'agit d'un message à Tsai, qui lui suggère de ne pas se montrer naïve au point de penser simplement que, parce qu'elle a reçu un appel téléphonique du Président élu des États-Unis, tout va changer ».
Taïwan entretien actuellement des « relations diplomatiques » avec 21 pays, pour la plupart petits, une liste qui a diminué après que São Tomé ait coupé des liens avec Taipei cette semaine. Ce sont Kiribati, Nauru, les îles Salomon, la République des Îles Marshall, la République de Palaos, Tuvalu, le Burkina Faso, le Swaziland, le Vatican, le Belize, le Salvador, Haïti, le Nicaragua, le Paraguay, Sainte Lucie, la république Dominicaine, le Guatemala, le Honduras, le Panama, Saint-Christophe-et-Nevis et Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
Le prédécesseur de Mme Tsai, Ma Ying-jeou, a reconnu une formule qui souligne que Taiwan et la partie continentale de la Chine font partie d'« une seule Chine ». Mme Tsai, dont le parti appuie nominalement une soi-disant indépendance formelle de l'île, a refusé d'invoquer cette formulation, mais s'est néanmoins engagée à respecter tous les accords existants.
Selon l'agence de presse portugaise Lusa, Sao Tomé et Príncipe, un ensemble d'îles qui est une ancienne colonie portugaise située au large des côtes Ouest de l'Afrique, aurait par ailleurs annoncé son changement dans la reconnaissance diplomatique à Beijing après une réunion du gouvernement mardi. Le Ministère chinois des affaires étrangères a refusé pour l'heure de dire si des relations sont effectivement établies, mais selon une porte-parole du ministère, Beijing se félicite de la décision de São Tomé, qualifiant cela de « retour sur la bonne voie du "principe d'une seule Chine" » qui est la base politique des liens de la Chine avec les pays étrangers.
Les analystes estiment que, avec la décision de São Tomé, d'autres alliés de Taïwan, la plupart de petits États d'Amérique centrale et des Caraïbes ou des pays insulaires du Pacifique, pourraient reconsidérer leurs allégeances. Le Vatican, le seul partenaire diplomatique européen de Taipei, a quant à lui engagé des discussions concertées avec Beijing pour mettre fin à leur éloignement. « C'est le début d'une tendance », a déclaré Chang Ya-chung, professeur de science politique à l'Université nationale de Taïwan.