Dernière mise à jour à 08h41 le 31/08

Page d'accueil>>Afrique

Burundi : découverte d'une fosse commune sur la colline Ndava-Busongo

Xinhua | 31.08.2017 08h29

Une fosse commune renfermant des restes des personnes "probablement" tuées au cours de la guerre civile interburundaise de 1993, a été découverte lundi dernier sur la colline Ndava-Busongo relevant de la commune Gihanga dans la province de Bubanza (ouest), a rapporté mercredi une radio privée Isanganiro, citant des sources populaires environnantes.

Les habitants de cette colline ont indiqué qu'après avoir constaté que ces restes humains avaient été déterrés par un tracteur en train de labourer sur les lieux, ont aussitôt recouvert les os et les vêtements de ces personnes tuées dans cette localité.

"Nous avons pu identifier ces personnes enterrées dans cette fosse commune à travers les habits qu'ils portaient habituellement au moment où elles étaient encore en vie. Cette fosse commune est l'une parmi bien d'autres pouvant se trouver sur cette colline et dans ses environs", ont-ils témoigné par ailleurs avant de recommander des investigations approfondies par les instances habilitées et les experts en la matière.

Le 19 juillet dernier, une autre fosse commune renfermant des restes humains de plus d'une centaine de personnes avait été découverte près du chef-lieu de la commune de Mabanda de la province de Makamba, dans le sud du Burundi, selon l'Agence burundaise de presse (ABP), citant les autorités territoriales de cette commune.

Cette fosse a été découverte lorsque des ouvriers creusaint des caniveaux près d'un tronçon routier relevant de la Route nationale numéro 11 reliant les communes de Mabanda et de Kibago, ont affirmé ces autorités, précisant qu'elles ne disposent pas encore d'éléments pour déterminer les auteurs responsables du "jet" de ces personnes dans cette fosse commune.

Le gouverneur de la province de Makamba, Gad Niyokuri, a confirmé la présence de cette fosse dans la commune Mabanda avant de demander à la présidence de la Commission vérité réconciliation du Burundi (CVR-Burundi) d'envoyer ses experts sur les lieux pour "faire déterrer ces restes humains" afin de les inhumer dignement d'une part, et d'autre part, pour permettre la poursuite des travaux de construction de cette route asphaltée.

En attendant le déploiement sur les lieux des experts de la CVR, les autorités locales ont décidé de clôturer cet endroit abritant cette fosse commune.

Le 27 février dernier, le président de la CVR burundaise, Jean-Louis Nahimana, a lancé officiellement les travaux d'exhumation techniques des restes humains enfouis dans des fosses communes au cours des crises cycliques sanglantes jalonnant l'histoire tragique burundaise, en l'occurrence celles de 1965, 1972, 1988, 1991 et de la plus longue de toutes, à savoir celle de 1993, qui aura duré une dizaine d'années.

Pour M. Nahimana, si le Burundi parvient à gérer convenablement la gestion de la problématique des fosses communes, cela contribuerait à ce que le peuple burundais se réconcilie avec lui-même.

D'après l'Association pour la mémoire et la protection de l'humanité contre les crimes internationaux (AMEPCI), une organisation de la société civile dont les travaux de recherche portent notamment sur l'inventaire des fosses communes issues des diverses crises burundaises et sur leur localisation, depuis 1962 à ce jour, le Burundi abriterait de 2.500 fosses communes liées aux diverses crises du passé sanglant.

Selon le président et représentant légal de l'AMEPCI, Aloys Batungwanayo, au sein des victimes recensées pour les diverses crises au cours des cinq dernières décennies du Burundi post-indépendant, on retrouve aussi bien des hutus que des tutsi, les deux principales ethnies burundaises dont les élites politiques respectives, se rejettent mutuellement les responsabilités sur la paternité des "graves crimes de sang" commis jusqu'à ce jour.

En revanche, pour Nicodème Bugwabari, professeur historien à l'Université du Burundi (UB), les recherches partielles déjà effectuées par l'UB depuis l'indépendance burundaise recouvrée en 1962 à ce jour sur ce qu'il qualifie de "géographie de la violence" vue à travers les fosses communes recensées pour les diverses crises burundaises, font état de 139 fosses communes pour la crise de 1972 ayant frappé tout le pays, et de 34 fosses communes pour la crise de 1988, qui a endeuillé principalement deux communes nordiques du Burundi, à savoir Ntega et Marangara.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
Partez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :