Dernière mise à jour à 08h40 le 31/08
L'organisation médicale caritative internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a condamné mercredi l'attaque contre son personnel au Soudan du Sud, dans laquelle deux membres de son personnel ont été blessés, et des matériels et avoirs médicaux ont été perdus.
MSF a fait savoir que cette embuscade du 24 août en périphérie de la ville de Pibor contraignait l'organisation à suspendre certains de ses programmes médicaux dans la zone.
"Nous ne pouvons tout simplement pas fermer les yeux sur des incidents comme celui-ci ou considérer qu'ils seraient normaux, malgré la fréquence alarmante à laquelle ils ont eu lieu", a déclaré Marie Cleret, chef de mission de MSF, dans un communiqué publié à Juba.
Ce convoi, composé d'un véhicule de MSF, d'un tracteur et d'une équipe de quatre membres, était en route pour effectuer une évaluation médicale dans un village proche lorsqu'il est tombé dans une embuscade d'un groupe d'hommes armés parlant la langue locale.
Deux membres de l'équipe ont été frappés et ont subi des blessures mineures, selon l'organisation caritative.
"Des affaires personnelles de l'équipe ont été volées, en plus de biens de MSF, dont le véhicule de cette équipe. L'équipe a été abandonnée au milieu de la route, mais elle a pu retourner au site de MSF à Pibor plus tard dans la soirée", indique le communiqué.
MSF, qui est la seule organisation humanitaire offrant des soins à Pibor, Lekongole et Gumuruk, a déclaré que cette nouvelle attaque représentait encore un risque grave supplémentaire pour sa capacité à fournir des soins médicaux en sécurité à Pibor.
"Les gens dépendent lourdement de l'assistance que nous pouvons fournir pour leur survie, et ils sont déjà incroyablement vulnérables du fait du conflit actuel", a dit Mme Cleret.
Suite à cet incident, MSF a déclaré n'avoir pas d'autre choix que de suspendre une partie de ses activités à Pibor, en raison de l'insécurité croissante des transports par route.
Il s'agit de la troisième attaque contre les installations médicales de MSF à Pibor au cours des neuf derniers mois, attaques qui ont contraint MSF à suspendre la prestation de services médicaux d'une grande urgence.
Cette attaque survient quelques jours seulement après un appel de l'organisation caritative à protéger les civils et à respecter l'accès des civils aux soins médicaux au Soudan du Sud. Au cours des 18 derniers mois, 24 sites et actifs de MSF ont été attaqués dans ce pays.
"MSF appelle tous les acteurs armés à protéger les civils et à s'abstenir de prendre pour cible les installations médicales, car cela prive les gens d'une aide vitale alors qu'ils en ont absolument besoin", a souligné M. Cleret.
"Cet incident coupe encore davantage la population locale de tout accès à des soins médicaux d'importance vitale".
Selon l'ONU, plus de 80 travailleurs humanitaires ont été tués au Soudan du Sud depuis le début de la crise de décembre 2013, dont au moins douze ont été tués en 2017, et au moins huit convois humanitaires ont déjà été attaqués depuis le début de cette année.
Conformément au droit humanitaire international, les attaques intentionnelles contre le personnel d'aide humanitaire peuvent constituer des crimes contre l'Humanité.