Dernière mise à jour à 10h30 le 09/10
S'inspirant du modèle de la mission parlementaire dans la ville centrafricaine de Bria (centre-nord), Abdoulaye Hissène, un des chefs rebelles de la faction ex-séléka, a décidé de jouer au médiateur dans toutes les régions centrafricaines en conflit afin d'y proclamer la paix.
"Je suis interpellé puis inspiré par l'initiative de la mission parlementaire à Bria, qui avait regroupé tous les leaders des groupes armés autour de la paix. Je suis à Ippy avec mes frères des groupes armés. Nous ne voulons plus les affrontements qui ont eu des conséquences dommageables, tant pour les populations que pour le développement du pays. Que les hostilités s'arrêtent", a affirmé M. Hissène lors des conversations téléphoniques avec les ministres centrafricains de la Sécurité publique, Henri Wanzet Linguissara, et de la Communication, Ange-Maxime Kazagui, et dont une copie est parvenue dimanche à Xinhua.
"Nous, Centrafricains, sommes responsables de la situation de l'impasse de notre pays. Il faut mettre un terme à l'aventure, qui ne profite pas à notre pays et au peuple qui veut vaquer librement à ses occupations", a-t-il poursuivi.
M. Hissène, prenant à témoins l'opinion nationale et internationale, a avoué qu'il reconnaît désormais l'autorité du président centrafricain et a promis qu'il s'emploierait à faire le tour de toutes les régions encore contrôlées par les groupes rebelles pour proclamer la cessation définitive des affrontements armés entre les ex-séléka, les anti-balaka et d'autres groupes d'auto-défenses.
M. Hissène a déclaré qu'il est désormais le porte-parole de quatre groupes armés qui sont : le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) de Nourrédine Adam et dont il est le représentant à Bria, l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC) du chef peulh Ali Darass, le Mouvement patriotique pour le Centrafrique (MPC) de Mahamat Al-Khatim et le Rassemblement des républicains (RDR) de Gaétan Boadé.
Rien ne dit pour l'instant qu'il a cette légitimité, puisque jeudi dernier, le porte-parole du mouvement anti-balaka RDR, Christ-junior Kenguemba, voyait d'un mauvais œil un rapprochement entre le FPRC et l'UPC.
En novembre 2016, les affrontements rivaux entre FPRC et UPC à Bria avaient embrasé la ville, où les stigmates sont encore visibles.
Dans les milieux politiques, M. Hissène est accusé de chercher à se faire une place autour du pouvoir central. Pour avoir été chef rebelle, il a été tour à tour nommé ministre sous le régime de François Bozizé, puis sous la gouvernance de Michel Djotodjia. Il a été nommé conseiller à la Présidence de la République, sous le régime de la transition, avec Catherine Samba Panza.
En formant le dernier gouvernement dit "Sarandji II", le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra et son Premier ministre Simplice-Mathieu Sarandji avaient accordé une place large aux groupes armés. C'est pourquoi, quelques analystes ont pensé que Abdoulaye Hissène serait tenté.
Des rumeurs affirmaient d'ailleurs qu'il y avait un regroupement belliqueux dans la ville centrafricaine d'Ippy, charnière entre Bambari (centre) et Bria, dans le but de couper le couloir humanitaire et asphyxie la dernière ville. En raison des affrontements entre les groupes armés rivaux, les convois des transporteurs ne s'arrêtent qu'à Bambari et ne remontent plus, depuis juillet dernier, à Ippy, encore moins à Bria.
Les mêmes rumeurs indiquent qu'à l'issue de ce regroupement, la ville centrafricaine de Bambari, déclarée pourtant "ville sans groupe armée" par la mission onusienne MINUSCA, allait faire l'objet d'une attaque dont le but ultime serait la conquête de Bangui. Ce qui est compris à demi-mot par les autorités officielles comme étant la voie d'un coup d'Etat. Pour en avoir le cœur net, M. Wanzet Linguissara a pris sur lui de contacter, par téléphone, Abdoulaye Hissène, qui a quitté la ville de Bria pour séjourner à Ippy.