Dernière mise à jour à 09h18 le 15/12
Une "bonne connaissance de la vérité" sur les crises socio-politiques du passé burundais, devrait être au cœur de la résilience "communautaire" des jeunes face à ces dernières, recommande Sylvestre Ntibantunganya, ancien président du Burundi (avril 1994-juillet 1996).
L'ancien chef d'Etat burundais a fait cette recommandation au cours d'une interview accordée mercredi à Xinhua en marge d'un atelier de validation de la stratégie de résilience des jeunes burundais face aux conflits socio-politiques passés dans leur pays, organisé sous les auspices du ministère de la Jeunesse.
Depuis le recouvrement de son indépendance politique en date du 1er juillet 1962, le Burundi a été secoué par plusieurs crises cycliques "ponctuées de bains de sang", particulièrement survenues en 1965, en 1972, en 1988, en 1991 et en 1993 avec des ramifications pendant une dizaine d'années.
Cependant, a-t-il précisé, une telle stratégie devrait insister sur la manière dont il faudrait aider les jeunes burundais à "résister" par rapport aux conséquences que peuvent produire sur eux, aussi bien individuellement qu'au niveau de leurs communautés, ces crises sociopolitiques du passé.
"Car, en regardant de près la situation burundaise de près aujourd'hui, on sent qu'il y a tendance, soit à la manipulation, soit à la dissimulation des responsabilités. On doit en effet soigner tout cela dans la mesure où l'analyse des proportions de la population burundaise, montre que les jeunes non concernés par leur implication dans ces crises socio-politiques burundaises, sont très largement majoritaires", a-t-il souligné.
Cette catégorie de jeunes burundais, a-t-il explicité, frôle aujourd'hui une proportion de 80% de la population burundaise.
"Ainsi donc, le Burundi doit impérativement protéger ces jeunes, via notamment des appuis multiformes à mieux s'inscrire pour l'avenir du pays à travers leur résilience communautaire, en lieu et place d'être prisonniers du passé douloureux", a-t-il estimé.
Pour lui, les défis auxquels sont confrontés les jeunes burundais vis-à-vis de la pesanteur de ces crises sur eux, s'expliquent par le fait que les anciennes crises burundaises aient défini par rapport à des réalités n'ayant pas de pertinence dans la vie du passé du Burundi.
"En effet, nous parlons des ethnies au Burundi ; alors qu'en réalité, il n'y a pas d'ethnie au Burundi dans la mesure où les Burundais habitent dispersés sur un même territoire dans leurs diversités, parlent une même langue et ont une même culture ; mais, ce que certaines opinions ont qualifié de réalités ethniques, auront été plutôt des manipulations destinées d'abord à servir les dominations que le Burundi a vécues via la colonisation, ainsi que plus tard les tendances de domination et d'exclusion des Burundais les uns envers les autres et vice versa, sur ces bases subjectives", a-t-il affirmé.
Sur ce, pour rectifier le tir, M. Ntibantunganya a plaidé pour la création de "nouvelles valeurs burundaises" autour de nouvelles communautés d'appartenance, notamment à travers les créneaux offerts par les partis politiques, les confessions religieuses et les organisations de la société civile.
Il s'est convaincu aussi que les problèmes burundais du moment, particulièrement ceux touchant directement les jeunes du fait du poids des crises passées, "seront vaincus si le Burundi s'embarque vers un développement socio-économique juste et équitablement partagé sans aucune considération subjective".
C'est un gros défi, a-t-il martelé avant de suggérer que la réponse appropriée est l'émergence des Burundais, notamment au sein de la jeunesse, "suffisamment résiliés par rapport aux nombreuses souffrances vécues et diversifiées selon les diversités burundaises".
Ces mécanismes, a-t-il tranché, devraient être enclenchés parallèlement avec ceux de la Commission Vérité Réconciliation du Burundi (CVR/Burundi).