Dernière mise à jour à 08h48 le 05/01
Le président togolais Faure Gnassingbé s'est adressé mercredi à la nation, à l'occasion du Nouvel An, réaffirmant la tenue d'un référendum sur les réformes politiques qui sont au cœur des troubles dans le pays depuis août 2017.
Dans son message diffusé de façon synchronisée sur la télévision nationale (TVT) et Radio Lomé dans la soirée de mercredi, le chef de l'Etat togolais a déclaré que l'année 2017 appartenait désormais à l'histoire et salué les efforts de la population à faire avancer le Togo sur la voie de développement.
Il a également, entre autres, évoqué le contexte des troubles politiques, l'assainissement des finances publiques, l'amélioration des conditions de vie de ses concitoyens et la diversification des mécanismes de soutien de l'Etat aux couches les plus vulnérables de la population, avec une attention particulière à l'inclusion sociale à travers des programmes ambitieux et volontaristes.
"Les mois écoulés ont aussi mis notre existence collective face à de nombreux défis", a estimé le président togolais, faisant allusion aux marches politiques tenues même pendant les jours ouvrables et marquées parfois de violences, à l'appel d'une coalition de 14 partis d'opposition depuis août 2017.
"Je souhaite pour notre nation une année de grandes réalisations sur la voie de la construction de la destinée commune", a déclaré Faure Gnassingbé.
"Cette aspiration est à portée de main", a-t-il poursuivi, soulignant qu'elle requiert, de la part des Togolais, "un engagement résolu et une détermination sans faille, fondés sur l'amour que nous avons pour le Togo".
"C'est en faisant appel à la fibre patriotique qui vibre en chacun d'entre nous que je veux ébaucher les perspectives de notre pays en 2018", a précisé le chef de l'Etat togolais.
Il s'est félicité des avancées réalisées dans plusieurs secteurs, notant cependant que "l'animation de la vie politique, en revanche, n'a pas toujours été à la mesure de la profonde aspiration du peuple togolais à la concorde et à la paix".
Faure Gnassingbé a donc réaffirmé que la cohésion sociale doit rester pour tous les Togolais "un objectif cardinal" et que les réformes politiques à mener au Togo dans le sens d'une amélioration des normes et des cadres existants "ne sont pas incompatibles avec le maintien de la paix civile".
"Nous avons fait le choix de la démocratie. Il implique une architecture institutionnelle stable, qui se conforte progressivement en s'adaptant aux évolutions légitimes souhaitées par le peuple", a-t-il rappelé.
Cela implique aussi "que l'ensemble des acteurs politiques accepte de se conformer aux règles, et d'exercer ses prérogatives dans le respect des droits et libertés de tous les citoyens", a-t-il ajouté.
Dans ce sens, il a déploré des attitudes, des postures et des comportements "qui sont aux antipodes" des valeurs du Togo et ayant affecté, récemment, "la culture du vivre-ensemble, la courtoisie et la fraternité" dans le pays.
"C'est une situation intolérable et préjudiciable à notre marche commune", a déclaré Faure Gnassingbé, indiquant que "les auteurs responsables d'actes de violence, de destruction et de meurtres doivent être recherchés et soumis aux rigueurs de la loi" afin de préserver la société togolaise de ces menaces.
Le président togolais a exprimé sa foi "en la capacité" des Togolais à transcender leurs divergences pour faire évoluer le cadre institutionnel et politique tout en préservant le tissu social.
"Pour cela, je reste convaincu que l'unique voie de sortie qui nous permette de retrouver le chemin du progrès reste le dialogue", a-t-il précisé, insistant que le dialogue doit rester "la voie privilégiée de résolution des désaccords entre les acteurs politiques".
"Je n'ai aucun doute qu'aujourd'hui encore, nous sommes capables d'explorer toutes les voies de la concertation et des échanges d'idées, de dépasser les griefs tenant aux personnes et aux circonstances pour nous élever à la hauteur de ce que notre pays mérite", a-t-il déclaré.
"Le Togo mérite que chacun d'entre nous lui donne le meilleur", a-t-il poursuivi.
Il rappelle avoir, dans ce sens, pris l'initiative en septembre 2017 de proposer à la représentation nationale une révision de la Constitution, qui limiterait à deux le nombre de mandats présidentiels et législatifs, et qui introduit un mode de scrutin uninominal à deux tours pour l'élection du président de la République.
Les propositions en question ont été votées par les seuls députés de l'Union pour la République (UNIR- pouvoir), soit les deux tiers des députés de l'Assemblée nationale, lors d'une séance boudée par l'opposition parlementaire.
Suite à ce vote, le gouvernement a enclenché le processus de soumission du projet de loi à un référendum que rejette la coalition d'opposition, qui fait de la limitation des mandats présidentiels sa préoccupation première depuis août 2017, revendiquant un retour à la version originelle de la Constitution de 1992.
Alors que le pouvoir et la Coalition sont en profond désaccord tant sur la question du référendum que sur le format d'un dialogue pour une sortie de crise, Faure Gnassingbé vient clarifier l'obstination de son parti et du gouvernement.
"Conformément à notre loi fondamentale, c'est maintenant au peuple togolais tout entier, seul détenteur de la souveraineté nationale, qu'il appartient de se prononcer", a-t-il déclaré, faisant référence au référendum.
"Dans l'Etat de droit que nous construisons, nous ne pouvons pas prétendre substituer des voix plus autorisées au suffrage universel", a ajouté Faure Gnassingbé.
En outre, le chef de l'Etat togolais a annoncé que le chantier du développement se poursuivrait en 2018 et que les Togolais seraient plusieurs fois appelés "à décider, par le vote, des grandes orientations de la vie nationale".
En 2018, le Togo devra organiser les élections locales et législatives. Ainsi, le président togolais est persuadé que l'aboutissement du processus de décentralisation permettra aux collectivités territoriales de se doter de représentants élus à l'issue des consultations locales attendues avec impatience.
A en croire Faure Gnassingbé, l'élection des députés constituera également un important rendez-vous démocratique auquel il convie la classe politique et l'ensemble des électeurs à "participer dans un esprit constructif".