Dernière mise à jour à 08h22 le 31/01
Le Kenya a surmonté l'épreuve attendue ce mardi lorsque le principal parti d'opposition, la Super-alliance nationale (NASA), a procédé à l'investiture de Raïla Odinga comme "président du peuple" dans une cérémonie brève et pacifique en présence de milliers de partisans en liesse.
M. Odinga a prêté serment en tant que "président", réaffirmant son engagement à lutter pour plus d'espace démocratique, pour l'égalité, la liberté et la bonne gouvernance au Kenya.
Les trois co-dirigeants de l'alliance d'opposition étaient absents à cette cérémonie mais ils ont clarifié dans un communiqué qu'ils restaient engagés dans la quête de réforme électorale et de direction responsable de l'opposition, malgré cette absence.
Vêtu d'habits traditionnels africains, M. Odinga a déclaré à la foule extatique que son investiture en tant que "président du peuple" répondait aux aspirations des Kenyans qui souhaitent plus de liberté, d'inclusion et de coexistence pacifique.
Ce serment démontre la détermination de l'opposition à apporter la justice électorale dans le pays, a-t-il dit.
M. Odinga est le premier dirigeant d'opposition à prêter serment comme "président parallèle" depuis l'indépendance du Kenya, c'est pourquoi cette manœuvre, qualifiée d'illégale par le gouvernement, suscitait des inquiétudes massives.
On ignore quelle sera la démarche suivante du dirigeant d'opposition car le Kenya a déjà un président, Uhuru Kenyatta, et un vice-président, William Ruto.
Plus tôt, le gouvernement a interdit la diffusion en directe de cette cérémonie par plusieurs chaînes de télévision du pays, suscitant des critiques des militants des droits et des partisans de l'opposition.
Les experts soulignent que l'investiture de M. Odinga comme "président du peuple" a un impact symbolique fort qui ne devrait pas être négligé par les deux camps politiques.
Herman Manyora, analyste politique basé à Nairobi, a indiqué que cette cérémonie pacifique pourrait marquer un nouveau départ dans la régénération politique du Kenya.
"Le fait que la cérémonie d'investiture du chef de l'opposition comme président du peuple ait été menée dans un cadre pacifique confirme que notre démocratie a gagné en maturité, ce qui impose aux acteurs politiques de prendre acte de la situation en acceptant le dialogue pour le bien de l'unité et de la stabilité", a dit M. Manyora.
Il a salué la décision tactique du gouvernement de retirer ses forces de sécurité du lieu de l'investiture du "président" de l'opposition.