Dernière mise à jour à 08h52 le 06/02
L'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a repris lundi les pourparlers de paix pour le Soudan du Sud à Addis-Abeba, capitale de l'Éthiopie, sur fond de menaces de sanctions à l'encontre des parties en conflit.
Intitulée "Seconde phase du forum de redynamisation des pourparlers de haut-niveau", cette réunion fait suite à l'accord de cessez-le-feu conclu le 24 décembre 2017, dans lequel les parties en conflit ont signé un Accord de cessation des hostilités (CoHA). Cet accord a été violé quelques heures après le début supposé de son entrée en vigueur.
L'envoyé spécial de l'IGAD au Soudan du Sud, Ismael Wais, a appelé les parties en conflit à s'abstenir de toute nouvelle infraction au cessez-le-feu pour aider à établir et à consolider le succès et la confiance mis en place par le CoHA.
"L'UA, l'IGAD et l'ONU, ainsi que l'ensemble de la communauté internationale, ont publié des déclarations condamnant vivement la violation du CoHA et mettant en garde qu'il y aurait des conséquences pour les responsables", a-t-il dit.
"À cet égard, la région et la communauté internationale sont prêtes à adopter des mesures punitives à l'encontre des individus et organisations identifiés comme auteurs de violations de l'accord. Ce ne sont pas des menaces en l'air", a-t-il insisté.
Les dirigeants de l'ONU, de l'UA et de l'IGAD ont exprimé le mois dernier, lors du 30ème sommet de l'UA, leur mécontentement à l'égard des violations de l'accord de paix récent, mettant en garde les parties belligérantes.
M. Ismael a indiqué que la menace de sanctions à l'égard des parties en conflit au Soudan du Sud témoignait de l'exaspération à l'issue de quatre années d'une guerre civile dévastatrice qui a fait des milliers de morts et des millions de déplacés.
Les États-Unis ont déjà adopté un embargo sur les armes à l'égard du Soudan du Sud, avec effet à partir du mois en cours, tandis que l'UE a adopté des gels d'actifs et des interdictions de voyage à l'égard de trois dirigeants sud-soudanais actuels ou passés.
He Xiangdong, ambassadeur chinois au Soudan du Sud, a déclaré à Xinhua que son pays n'excluait pas d'adopter des sanctions pour faire pression sur les parties en conflit au Soudan du Sud, tout en mettant en garde que de telles sanctions devraient être coordonnées avec toutes les parties concernées et prendre en compte les conséquences possibles.
"Je pense qu'en matière punitive nous avons besoin de davantage de consultation avec les pays de l'IGAD et de l'UA, il est clair qu'une certaine forme de pression est nécessaire pour faire avancer le processus de paix, mais dans le même temps nous devons être prudents à l'égard des conséquences des mesures envisagées, car nous devons mettre au premier plan les résultats, et toutes les mesures doivent être soigneusement calculées pour déterminer avec certitude si elles sont utiles pour résoudre les problèmes ou non", a-t-il dit.
Le Soudan du Sud est le théâtre d'une guerre civile depuis plus de quatre ans qui a eu des effets dévastateurs sur son peuple, provoquant l'une des plus graves crises de réfugiés au monde.
La plus jeune nation du monde a plongé dans la violence en raison d'un différend politique entre le président Salva Kiir et son ancien bras droit Riek Machar, qui est devenu chef des rebelles. Elle a conduit à une scission de l'armée, marquée par l'opposition entre les ethnies dinka et nuer.
Un accord de paix signé en 2015 et censé mettre fin au conflit a perdu de sa substance après l'éclatement de nouveaux combats en juillet 2016, qui ont poussé Riek Machar à fuir le pays.