Dernière mise à jour à 09h15 le 17/05
La République centrafricaine (RCA) enregistre une hausse préoccupante des attaques contre les travailleurs humanitaires, ont alerté lundi les Nations Unies.
Depuis le début de l'année, six travailleurs ont péri dans des attaques commises par des groupes armés qui continuent de semer le chaos dans le pays, mettant à mal les efforts du président Faustin-Archange Touadéra et son gouvernement pour un retour au calme, selon les chiffres publiés par Najat Rochdi, la coordinatrice humanitaire des Nations Unies, lors d'une réunion à Yaoundé (Cameroun).
Sur l'ensemble de l'année 2017, on recense 14 morts, ce qui fait de la RCA l'un des pays les plus dangereux pour les humanitaires, a résumé Joseph Inganji, le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies en Centrafrique, lors de la réunion avec les partenaires techniques et financiers de la RCA basés au Cameroun.
Présente à cette rencontre visant à mobiliser des financements pour le plan de réponse humanitaire de 2018 chiffré à 515,6 millions de dollars, la ministre centrafricaine de l'Action humanitaire et de la Réconciliation nationale, Virginie Baïkoua, a estimé que le rôle des organisations humanitaires était crucial pour gérer la crise que traverse ce pays pauvre et enclavé d'Afrique centrale.
Les déplacements de population à répétition "entravent la production agricole et créent une dépendance à l'aide alimentaire d'urgence", fournie surtout grâce à l'action des agences humanitaires et leurs personnels, appelés à exercer sur un terrain aussi difficile, au péril de leur vie, a-t-elle dit.
Dans un cri de "colère" et d'"indignation" contre les "attaques répétées visant des hôpitaux, des structures sanitaires, des humanitaires", Mme Rochdi a appelé à "mieux protéger les humanitaires et les civils".
Depuis septembre 2014, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) déploie environ 12.000 hommes, chargés d'aider au retour à la paix et à la stabilité dans le pays. Mais cette présence ne permet pas toujours de faire taire les violences.
Au contraire, "malgré nos efforts continus et l'engagement sans faille de l'ensemble de la communauté humanitaire, des bailleurs de fonds, des autorités nationales et locales et du gouvernement, la situation humanitaire a malheureusement atteint un niveau grave et son champ géographique continue à s'étendre à de nouvelles zones. On ne compte plus les hot spots (points chauds)", a déploré la coordinatrice onusienne.
"La volatilité de la situation sécuritaire met à mal les efforts du gouvernement pour le retour des déplacés et les actions de relèvement", a renchéri Mme Baïkou.
A cause de cette situation, 687.398 Centrafricains sont devenus des déplacés internes, tandis que 575.544 autres se sont réfugiés au Cameroun, au Congo-Brazzaville et en République démocratique du Congo, selon les estimations de l'ONU.