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Le Maroc poursuit ses efforts face à une immigration clandestine qui prend des allures inquiétantes

Xinhua | 15.10.2018 08h45

Le Maroc continue de déployer des efforts pour faire face aux réseaux d'immigration clandestine, qui ne cesse de développer leurs méthodes. Plusieurs arrestations ont été dernièrement opérées chez les Subsahariens qui sont nombreux à attendre leur embarcation clandestine vers l'Europe.

La dernière en date s'est déroulée le mercredi 10 octobre, quand la police judiciaire de la ville marocaine de Tanger (nord) a arrêté quatre personnes soupçonnées de liens avec un réseau criminel spécialisé dans l'immigration clandestine. Ces présumés coupables transportaient les candidats à l'immigration clandestine dans des embarcations de fortune vers le sud de l'Espagne.

Jeudi soir, deux individus ont perdu la vie et un troisième a été grièvement blessé, suite au renversement de leur embarcation au large d'une plage de Tanger, selon les autorités locales. L'embarcation pneumatique transportait onze candidats subsahariens à l'immigration clandestine, ont précisé les mêmes sources.

Les opérations de fouilles effectuées par la police judiciaire de Tanger, après le démantèlement d'un réseau criminel d'immigration clandestine, ont permis la saisie d'un ensemble d'équipements dont un zodiac de près de 7 mètres, deux rames, 5 gilets de sauvetage et un moteur.

Cette série de démantèlements des réseaux d'immigration clandestine montre que le trafic des personnes se poursuit en prenant des formes nouvelles et des proportions inquiétantes.

Selon l'Association marocaine des amis et familles des victimes de l'immigration clandestine, plus de 1 700 migrants sont morts ou portés disparus en Méditerranée depuis le début de l'année, dont 362 au large des côtes espagnoles.

A fin août 2018, 54 000 tentatives d'émigration ont été avortées au Maroc contre 39 000 durant la même période de l'an passé, avait indiqué le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha El Khalfi.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que plus de 43 000 migrants ont gagné l'Espagne depuis le début de l'année, dont plus de 38 000 par voie maritime et près de 5 000 par voie terrestre, en entrant dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au nord du Maroc, lesquelles sont confrontées à une intense pression migratoire, notamment enfantine. Plusieurs milliers d'enfants sont refoulés chaque année, selon une source locale.

Il faut préciser que des milliers de Subsahariens séjournent au Maroc avant de tenter d'embarquer vers l'Europe. Nombreuses sont les raisons qui les poussent à migrer. Certains partent en quête de meilleures opportunités, d'autres cherchent la sécurité, veulent échapper à la guerre, aux persécutions, à la violence, à la pauvreté, aux catastrophes naturelles ou aux violations des droits de l'Homme.

Les femmes sont des proies faciles et idéales pour les trafiquants. C'est ce qui explique le nombre élevé de femmes subsahariennes qui tentent l'aventure risquée de traverser le détroit de Gibraltar. Elles justifient leur choix d'effectuer cette traversée macabre par le manque total de perspectives, qui dure parfois plusieurs semaines.

Par ailleurs, l'immigration clandestine est alimentée en partie par une économie du passage clandestin de plus en plus organisée par de véritables réseaux transnationaux, souvent mafieux, qui fournissent des faux papiers aux candidats au départ, déterminent les moyens de transport, les trajets et les modalités de passages aux frontières et recrutent de la main-d'œuvre directement dans les pays d'origine, au profit de rabatteurs peu scrupuleux.

Pour Abdelkrim Belguendouz, professeur universitaire, chercheur en migration, le constat est accablant et nécessite des actions coordonnées et unifiées urgentes à l'échelle de tout le continent africain : "L'Afrique perd ses jeunes, par la migration légale ou illégale. Cette déperdition est injustifiable. Le destin de nos jeunes est-il au fond des eaux de la Méditerranée ? Leur mobilité est-elle devenue une hémorragie ? Il nous appartient au contraire de la gérer pour en faire un atout. Des milliers de nos jeunes africains tentent clandestinement de regagner la rive nord de la Méditerranée à la recherche d'une vie meilleure, avec tous les risques que l'on connaît. Ils sont des hommes de valeur, des ressources humaines pour notre continent".

(Rédacteurs :Gao Ke, Wei SHAN)
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