Dernière mise à jour à 08h52 le 03/02
A cause d'une flagrante dépréciation du dinar face aux deux principales devises étrangères, euro et dollar, le pouvoir d'achat du Tunisien a perdu 88% de son potentiel entre 2010 et 2018, selon Ridha Skandali, expert économique et universitaire tunisien.
En marge d'une conférence de l'Institut pour l'Islam et la démocratie, tenue samedi, l'expert tunisien a indiqué que pour récupérer le pouvoir d'achat normal du Tunisien d'avant 2010, force sera de doubler son salaire pour passer de 760 dinars actuellement à 1 500 dinars (un dinar vaut 0,33 dollar) pour la classe moyenne.
"La dépréciation du dinar a affecté le rendement des entreprises tunisiennes, ce qui a fait perdre toute leur compétitivité (...) l'Etat, pire encore, s'est trouvé face à une lourde facture, celle de tenir à ses engagements envers les bailleurs de fonds mondiaux", a-t-il mis en garde.
Évoquant les principales raisons expliquant cette dépréciation, M. Skandali a tenu à pointé du doigt, entres autres, l'aggravation du déficit commercial passant de 4,8% du PIB en 2010 à 12,3% en 2018. De même pour le déficit courant passant de 4,4% à 10,2% en la même période, sans oublier l'inflation qui grimpait de 3,4% à 7,5%.
D'autres facteur expliquent cette allure alarmante de la monnaie nationale tunisienne à savoir l'injection d'une liquidité abondante sur le marché local soit 15 milliards de dinars en 2018 contre seulement un milliard de dinars huit ans auparavant; d'après l'expert tunisien.
Pour Maher Belhaj, spécialiste en finances, "cette dépréciation peut être imputée également a un certain déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché financier local en raison, principalement, de l'amplification du commerce parallèle".
"La Tunisie se veut confrontée à quatre fléau majeurs : la contrebande, la fraude fiscale, le terrorisme et la corruption", a dit M. Belhaj.
Dans ce sens, l'analyste tunisien a révélé que 90% du volume de la liquidité véhiculée sur le marché financier tunisien se produit en dehors des circuits bancaires.