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Tunisie: le choix du nouveau président serait jaugé par le portrait de Caïd Essebsi et son ossature politique

Xinhua | 01.08.2019 09h44

A deux mois ou presque des élections générales, le décès du président tunisien Béji Caïd Essebsi a endeuillé la Tunisie d'autant plus qu'il s'agit, selon des analystes locaux, d'un tournant dans l'histoire contemporaine de ce pays, qui devrait élire un nouveau chef d'Etat d'une façon prématurée comme stipulé par la Constitution de 2014.

A l'âge de 92 ans, Béji Caïd Essebsi s'est éteint le jour de la célébration de la Fête de la République, soit le 25 juillet, après une lutte contre des malaises de santé l'ayant attaqué tout au long du mois de juillet.

"Bien entendu, la scène politique tunisienne a perdu l'une des figures charismatiques les plus importantes de l'arène politique depuis 2011 et il n'est peut-être pas exagéré de dire qu'il a été l'architecte d'une certaine balance après le déséquilibre de 2011 en faveur des islamistes", a confié à Xinhua Aymen Zammali, expert en affaires politiques.

L'absence du feu Caïd Essebsi, "aura un impact majeur sur la scène politique et sur le consensus d'une manière globale (...) cela pourrait conduire, d'un côté, à l'émergence de personnalités capables de combler le vide et continuer sur sa lancée en matière de construction de l'Etat national tout en préservant sa stabilité et en s'épargnant d'aller vers l'impasse et l'absurdité".

"Cela pourrait, de l'autre côté, accélérer l'émergence de nouvelles coalitions et de nouvelles alliances qui pourraient déclencher un débat aujourd'hui et qui font claire apparition après les prochaines élections législatives", a commenté M. Zammali.

Pour Sabri Zghidi, un autre observateur de la scène politique tunisienne, "Caïd Essebsi était très respecté auprès des instances internationales et arabes pour la grande expérience qu'il avait acquis au niveau des relations internationales (...) il avait efficacement contribué à promouvoir l'image de marque du pays et avait joué un rôle de médiateur permanent lors des crises et des guerres dans la région arabe".

"Ceci est évident, selon M. Zghidi, lors du récent sommet arabe organisé par la Tunisie en dépit d'une situation des plus délicates dans la région".

Au niveau national, a-t-il poursuivi, "le président disparu a laissé un grand vide: il a souvent été l'élément de changement lors de crises occasionnelles dans tout le spectre politique du pays, ce qui a permis de rapprocher les points de vue ou d'atténuer l'onde du choc des conflits".

Son départ, met en garde l'expert tunisien, "aura de graves conséquences pour le le parti qu'il fondait, Appel de Tunisie".

Pour Zghidi, "les femmes tunisiennes se veulent la frange de la société la plus perdante suite à la disparition de Caïd Essebsi dans la mesure où ce dernier se battait farouchement jusqu'au dernier jour de sa vie en faveur d'un projet de loi en matière d'égalité entre les genres et en matière d'héritage".

Dans ce même contexte, conclut l'analyste tunisien, "le dossier de l'appareil secret du parti islamiste Ennahdha (majoritaire au parlement et allié au pouvoir) outre la question des assassinats politiques vont probablement être probablement enterrés après son décès".

"Personnellement, je pense que le départ du président, cette figure extraordinaire de l'histoire contemporaine de la Tunisie, laissera un très grand vide dans la scène politique, ce vide ne sera pas facilement remplacé par un autre".

Syndicaliste et expert en politiques gouvernementales, Kais Argoubi a confié à Xinhua que "Feu Caïd Essebsi était une garantie réelle d'établir des relations stables et un équilibre solide entre les différentes tendances politiques des deux extrêmes droite et gauche (...) les deux partis au pouvoir actuellement, Appel de Tunisie et Ennahdha, doivent leur confort politique à lui seul puisqu'il est le parrain du fameux accord de Carthage, couronné par la naissance du gouvernement de Youssef Chahed".

"L'absence de Caïd Essebsi aura inévitablement un impact négatif sur la scène politique, mais ça sera relativement proportionnelle au fait que le pays est entré en régime provisoire pour une période ne dépassant pas trois mois pour investir un nouveau président sur la base des dispositions de la Constitution", a-t-il poursuivi.

Malgré sa disparition, tient à commenter Argoubi, "il sera présent, certes, dans les esprits et la conscience des électeurs au moment dans l'isoloir à quelques secondes de cocher son candidat favori [...] ces élections anticipées ne seront pas fondées sur les résultats des élections législatives, qui viendront plus tard, mais plutôt sur un choix personnel et sensible sur des portraits individuels".

"Ainsi, a-t-il insisté, les électeurs fixeront leurs esprit sur l'ossature et la squelette politique du président décédé et des atouts de sa riche carrière, comme une mesure de l'éligibilité du nouveau président et un baromètre de son succès prochain".

D'après l'ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections), les formulaires réservés au parrainage des candidats à la présidentielle anticipée (dont le premier tour est prévu le 15 septembre), stipulent que toute électrice ou électeur doit être de nationalité tunisienne par la naissance, dont la religion est l'Islam, pour espérer pouvoir se porter candidat.

Ce candidat doit être, le jour du dépôt de sa candidature, âgé de 35 ans au moins. S'il est titulaire d'une autre nationalité que la nationalité tunisienne, il doit présenter dans son dossier un engagement d'abandon de l'autre nationalité s'il est proclamé élu Président de la République.

Le candidat est parrainé par 10 députés de l'Assemblée des représentants du peuple (parlement), 40 présidents des conseils de collectivités locales élus ou 10.000 électeurs inscrits et répartis sur au moins 10 circonscriptions électorales, à condition que leur nombre ne soit pas inférieur à 500 électeurs dans chacune de ces circonscriptions. Il est interdit à tout parraineur de parrainer plus d'un candidat.

(Rédacteurs :实习生2, Yishuang Liu)
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