La visite officielle effectuée le 26 décembre 2013 par le Premier ministre japonais Shinzo Abe au sanctuaire Yasukuni semble être une nouvelle provocation au regard de la Chine et pour le moins un affront diplomatique, a indiqué l'universitaire français et spécialiste de la Chine, Pierre Picquart, dans une récente interview exclusive accordée à Xinhua.
Le sanctuaire Yasukuni abrite les noms de 14 criminels de guerre de classe A de la Seconde Guerre mondiale, et symbolise le passé militariste japonais.
L'effort des autorités japonaises devrait être plus centré sur une diplomatie pacifiste pour promouvoir des échanges politiques, économiques et culturels favorable, a estimé M. Picquart.
Pour donner un exemple, la France et l'Allemagne ont eu de par le passé des relations tendues et des guerres terribles. Aujourd'hui, ces deux parties s'accordent et sont de bons partenaires économiques et politiques, car l'Allemagne s'est excusée et elle a effectué son travail de mémoire. Le Japon ne l'a jamais fait complétement au regard de son histoire, a rappelé le sinologue.
Les autorités japonaises semblent vouloir revenir sur leur défaite lors de de la Seconde Guerre mondiale et leurs invasions passées. Il risque de s'ensuivre une détérioration des relations avec la Chine et la Corée du Sud, et cela peut provoquer une déstabilisation de toute cette région, a-t-il estimé.
"Nous pouvons imaginer que le Japon aujourd'hui, supporte mal d'être dépassé par la Chine dans de nombreux secteurs, ce qui est déjà le cas au regard de son PIB, de ses difficultés économiques et de son colossal endettement. Plutôt que de chercher des alliances pragmatiques, constructives et positives, le gouvernement japonais de droite a choisi la confrontation", a poursuivi le sinologue.
Même les Etats-Unis, dont le Japon est un allié fidèle, ont très clairement exprimé leur désapprobation, en estimant que la visite de Shinzo Abe au sanctuaire Yasukuni ne pouvait qu'"exacerber les tensions" du Japon avec ses voisins. De telles attitudes ne favorisent pas la paix régionale et mondiale.
Dans un mépris de l'opposition internationale, la position japonaise pourrait - si elle se durcissait encore - représenter un défi à la lutte contre le fascisme et à l'ordre international d'après-guerre établi sur la base de la Charte des Nations Unies. Cette affaire n'est pas uniquement une affaire intérieure japonaise ou bilatérale entre la Chine et le Japon. Il s'agit d'une question fondamentale : à savoir, si le chef de file du Japon va respecter les accords issus de la Seconde Guerre mondiale et les buts et principes de la Charte des Nations Unies pour rester sur la voie de développement pacifique, a conclu M. Picquart.