A l'occasion du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, la Chine et la France cherchent à approfondir l'amitié et la coopération qui ont été établies par les anciens présidents Mao Zedong et Charles de Gaulle.
Si l'aéronautique, l'électricité nucléaire et l'automobile représentent la majorité des programmes de coopération entre la Chine et la France, de nouveaux terrains de coopération émergent, parmi lesquels l'exploitation des énergies nouvelles, la construction de villes durables ou encore l'agriculture.
VEHICULES VERTS : UN PARI POUR L'AVENIR
En 2013, plus de 50% du pétrole consommé en Chine provenait de l'étranger, et une partie importante du pétrole consommé est allée au parc automobile. Confrontée à une pénurie de pétrole et à la détérioration de l'environnement, la Chine cherche à étendre son parc de véhicules verts.
"La France est connue pour son expertise en matière de protection d'environnement et d'exploitation des sources d'énergies propres", a confié à Xinhua Dai Dongmei, professeure de politique internationale à l'Université des Langues étrangères de Beijing. La France a beaucoup investi dans la recherche d'énergies renouvelables, notamment les biocarburants comme l'éthanol.
Au vu de la morosité des marchés automobiles en France comme en Europe et de la demande croissante pour les véhicules verts en Chine, les producteurs automobiles chinois et français pourraient joindre leurs efforts pour exploiter le plus grand marché automobile du monde.
Rome ne s'est pas faite en un jour. Selon Wan Jun, chercheur à l'Académie chinoise des Sciences sociales, il y a "encore un long chemin à parcourir".
VILLES DURABLES : UNE COOPERATION GAGNANT-GAGNANT
Deux jours après la visite du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault à la ville de Wuhan, l'administration du quartier Caidian de la ville a déclaré que le projet de construction d'une ville biologique et durable, rendu possible par le protocole d'entente entre la Chine et la France signé en octobre 2013, serait réalisé dans la zone du lac Houguanhu.
La construction d'une ville durable permet à la Chine d'apprendre de l'expérience des entreprises françaises en la matière. Selon Hu Ronghua, directrice du département des études économiques au Centre des études européennes de l'Université de Fudan, les entreprises françaises sont à la pointe de la conception architecturale et des nouveaux matériaux. L'administration de Caidian a pour sa part exprimé son intention de coopérer avec la France dans divers domaines, parmi lesquels l'urbanisme, les transports, ou encore le traitement des eaux usées et des déchets.
En effet, l'aménagement des zones industrielles dans la ville durable de Houguanhu, qui s'appuie sur l'expertise française, offre de belles opportunités aux entreprises françaises.
Dans le projet préliminaire publié par l'administration de Caidian, Houguanhu est divisé en huit zones industrielles, consacrées entre autres aux pièces détachées pour la construction automobile, à l'exploitation des énergies propres et renouvelables, à l'innovation, l'aéronautique, ou encore aux technologies de l'information.
La France étant le plus grand producteur et exportateur de bateaux de plaisance en Europe, la ville durable établira un club nautique sino-français qui prévoit une expansion du marché de la plaisance.
En outre, Wuhan n'est pas la seule ville où la coopération sino-française a déjà eu un impact positif sur la vie quotidienne des habitants. Depuis les premiers jumelages qui remontent à 1987 aux tables rondes réunissant des maires chinois et français depuis 2004,les succès de la coopération sino-française en matière de développement urbain ne manquent pas.
Bai Ming, chercheur à l'Académie du commerce international et de la coopération économique du ministère chinois du Commerce, fait écho à Mme Hu en expliquant que Wuhan pourrait servir de modèle pour les futurs projets de coopération entre villes françaises et chinoises.
UNE COOPERATION AGRICULTURELLE ATTENDUE DEPUIS LONGTEMPS
Le lundi 13 janvier 2014, le géant chinois des produits laitiers Synutra a débuté la construction de son site de production de lait en poudre infantile à Carhaix en Bretagne. Grâce à un investissement de 100 millions d'euros en partenariat avec l'entreprise laitière française Sodiaal, il s'agit du premier projet de construction d'usine à l'étranger pour un groupe laitier chinois.
La France et la Chine, deux puissances agricoles, ont exprimé leur volonté de coopérer dans ce domaine.
En marge d'une rencontre en Chine avec le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault le 6 décembre 2013, le Premier ministre chinois Li Keqiang a mentionné l'intention de son pays d'accélérer la construction d'un laboratoire agricole sino-français et de renforcer la coopération en matière de sécurité alimentaire.
"La Chine pourrait apprendre de la France dans le domaine agricole", a confié Mme Dai à Xinhua.
Selon Mme Hu, la compétitivité de la France dans le secteur de l'agriculture lui confère une certaine expertise, notamment en matière de qualité des produits et de sécurité alimentaire.
"La Chine pourrait également profiter des systèmes de management et des politiques agricoles de la France", a souligné M. Bai.
Pour la France, la Chine représente une énorme manne de consommateurs et son partenaire commercial le plus important en Asie. De plus, les investissements chinois en France offrent de nouvelles opportunités économiques. L'ouverture du site du Synutra en 2015 devrait créer 250 emplois et ouvrir les portes d'un nouveau marché pour les producteurs de lait bretons.