L'Asie doit éviter les stratégies occidentales obsolètes et tracer son propre destin.
Les villes sont des objets culturels, a fait remarquer Tom Kvan de l'Université de Melbourne. Elles doivent refléter la culture et la manière façon dont les gens vivent et souhaitent vivre.
Les cultures asiatiques utilisant l'espace d'une manière différente de celles de l' Ouest, la région a besoin de faire évoluer d'une manière différente la planification des villes de l'avenir, plutôt que de suivre un modèle européen ou américain plutôt désuet.
Cette question est particulièrement pertinente à l'heure où la population urbaine de l'Asie monte en flèche. En Chine, par exemple, on estime que d'ici 2030, un milliard de personnes vivront dans des villes, pour devenir le pays le plus urbanisé au monde.
Des projets de construction ont été accélérés à grande échelle pour s'adapter au changement, explique Steffen Lehmann, directeur du centre pour le développement urbain durable Chine-Australie, à l'Université du Sud de l'Australie.
Le spécialiste a indiqué que la Chine s'éloignait des mégapoles et groupements urbains pour des « éco-villes » plus petites et plus durables.
Je pense que c'est la voie à suivre, a-t-il confié.
Lehmann, expert de la conception et des comportement durables, a été conseiller auprès du gouvernement de Singapour pendant près de 10 ans et chercheur principal à la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique, dont le siège est à Bangkok.
Mais pour Lehmann la seule construction ne suffit plus, La population urbaine s'élevant en Asie, les gouvernements sont confrontés à un «énorme problème concernant la planification urbaine.
A Manille, l'étalement urbain abrite entre 15 et 20 millions de personnes, dont beaucoup vivent dans des bidonvilles. Étouffée par la circulation, la ville -autrefois connue comme la Perle de l'Orient en raison de sa situation centrale parmi les routes de commerce du Pacifique– est aujourd'hui le pire cauchemar des urbanistes.
Quelque chose de semblable peut être dit de Jakarta, dont la zone métropolitaine officielle est l'une des plus grandes agglomérations du monde avec une population de plus de 28 millions. Et Bangkok, qui fut appelée la Venise de l'Asie au début du 20e siècle, grâce notamment à son réseau de canaux, a vu la plupart d'entre eux disparaître pour faire place à des routes.
Mais ces énormes conurbations tentaculaires, noyées dans le trafic ne sont pas les seuls exemples de la vie urbaine en Asie. Certains planificateurs sont à la recherche de lieux comme Hong Kong et Singapour pour l'inspiration quand il s'agit de planification urbaine, en particulier dans les espaces confinés.
Selon le cabinet de conseil McKinsey & Co, 3,6 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, habitent dans les villes. Un chiffre historique dans l'histoire de l'humanité et ce nombre continue de s'élever de façon spectaculaire.
En Asie, chaque jour plus de 122 000 personnes quittent les campagnes pour les villes, à la recherche d'une vie plus confortable et d'un meilleur travail.
McKinsey estime que dans les 15 années à venir, plus de 5 milliards de personnes, soit environ 60% de l'humanité, vivront dans des villes, la plupart d'entre eux en Asie.
Alors que la partie développée de l'Asie – le Japon, la Corée du Sud, Hong Kong et Singapour- a les moyens de faire face à une population urbaine en expansion, ce sont les pays en voie de développement qui luttent pour faire face à l'urbanisation, d'une ampleur sans précédent.
Tous se battent pour obtenir ou maintenir la compétitivité de leurs villes et trouver les moyens de subsistance des personnes qui y résident. En étant conscients de l'héritage environnemental qu'ils laisseront s'ils ne parviennent pas à trouver pour leurs villes un mode de gestion durable et économe en ressources.
Passant par des choses simples qui sont habituellement prises pour acquises par un grand nombre de personnes, telles que la collecte des ordures, l'infrastructure, un environnement propre, les parcs et les installations récréatives.
La Banque asiatique de Développement, basée à Manille, estime que d'ici 2022, davantage de personnes vivront dans des villes asiatiques plutôt que dans les campagnes. Cela mettra une énorme pression sur les services dans le domaine de l'éducation, la santé, le transport, le logement, l'assainissement, et même l'élimination de déchets.
La façon dont les villes se développeront et feront face à cette urbanisation rapide est capital pour les citoyens qui y vivent. Mais leur développement est important pour les autres aussi.
Les villes restent la principale source de la croissance économique et de la productivité dans le monde, et elles représentent la plupart de la consommation des ressources et des émissions de gaz à effet de serre. Le développement urbain, par conséquent, est important pour le bien-être de tous les habitants de la planète.
Mais une question doit être posée : Comment rendre les villes du futur vivables et durables ?
Selon le responsable de l'Université australienne, l'urbanisation rapide de la région présente de sérieux défis qui doivent être abordés. «Nous devons repenser à l'avenir de l'urbanisation en Asie et cela ne sera pas facile».
«Les mégapoles ou pôles urbains que nous avons vu se développer en Chine ces dernières années ne sont pas la réponse, et même le gouvernement ne le reconnaît que maintenant».
Le développement des éco-villes plus petites et plus durables pourrait offrir une solution, et certaines zones urbaines chinoises offrent déjà un exemple au reste de la région.
«En Chine, les éco-villes peuvent être de nouvelles municipalités, construites à partir de zéro, ou les refontes de villes existantes comme Chengdu», a noté Lehmann, se référant à la capitale de la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine.
A la suite de certaines initiatives du gouvernement où des parcelles de terre sont vendues à des promoteurs privés selon un plan directeur. De plus en plus de communautés sont incluses dans les discussions. Cette participation populaire dans le processus est quelque chose de complètement nouveau pour les Chinois, mais va connaître une notoriété croissante.
Le directeur australien pense que le concept pourrait être reproduit en Asie, mais pas partout. Ingérable dans des villes comme Bangkok, Manille ou Jakarta, reconnait-il. Elles sont tout simplement trop grandes et trop complexes pour être défaites et reconstruites.
En ajoutant que les villes de deuxième et troisième rang sont la clé pour de nombreux pays. A Tianjin, par exemple, les autorités chinoises et de Singapour développent actuellement un projet d'éco-ville composé d'un système de train léger sur rail et la gestion intégrée des déchets. Opérationnelle dans les années 2020, la ville sera en mesure d'accueillir près de 350 000 habitants.
Mais même ces cités se développent trois à quatre fois plus vite que les grandes villes comme Bangkok ou Manille, prédisant que dans un délai de 10 ou 15 ans, certaines de ces petites villes pourraient voir leur population exploser pour passer à plus de 10 millions de personnes
Steffen Lehmann a souligné que c'était le bon moment pour les gouvernements d'investir, afin qu'ils puissent mettre en place de nouvelles infrastructures. En mettant également en garde les planificateurs pour ne pas répéter les mêmes erreurs que dans le passé, à l'époque où la planification urbaine était basée sur des modèles urbains obsolètes. «Les municipalités de deuxième et troisième rang peuvent être transformées en villes vertes et je pense que c'est la voie à suivre pour l'Asie. Par contre, vous ne pouvez pas modifier des villes comme Shanghai ou Beijing, Jakarta ou Manille uniquement par de telles actions».