L'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt a rédigé récemment un commentaire sur le livre de Xi Jinping "La gouvernance de la Chine", indiquant que cet ouvrage du président chinois Xi Jinping était "très instructif" et révélait aux lecteurs étrangers la philosophie des dirigeants chinois et la stratégie adoptée pour le développement de la Chine.
"Le président Xi Jinping espère réaliser le rêve chinois du grand renouveau de la nation chinoise. A cet effet, la Chine doit trouver une voie qui lui convient pour retrouver sa puissance. Cet ouvrage aidera les lecteurs à observer de manière objective la Chine sous plusieurs angles, leur permettant ainsi, de manière globale, de connaître et comprendre davantage ce pays", a indiqué M. Schmidt dans son commentaire.
"Les personnes qui ont connu la Chine sous M. Mao il y a 40 ans, et qui la comparent avec la Chine d'aujourd'hui, peuvent constater que l'épanouissement individuel, la liberté et les droits des citoyens en Chine se sont considérablement améliorés", a reconnu M. Schmidt.
Il a rappelé qu'il avait fait la connaissance de M. Xi en mai 2012, soit six mois avant son élection au poste de secrétaire général du Comité central du PCC en novembre 2012.
"En faisant le point sur les deux années de son mandat, j'ai éprouvé plus profondément les changements importants qui ont eu lieu pendant ces 40 dernières années concernant les intérêts et les préoccupations, ainsi que les points de vue des hommes politiques chinois de haut niveau qui ont persévéré dans la tradition chinoise des affaires intérieures et extérieures", a-t-il affirmé.
M. Schmidt a estimé que, contrairement aux autres civilisations antiques, notamment celle de l'Egypte ancienne, la civilisation chinoise n'a jamais été interrompue en 5.000 ans et demeure encore de nos jours très active. "Le confucianisme occupe une place dominante dans la tradition chinoise depuis au moins un millénaire", a-t-il souligné.
Dans son commentaire, M. Schmidt a brièvement passé en revue l'histoire chinoise, relevant qu'"au XVe siècle, le développement de la civilisation chinoise se maintenait en tête au niveau mondial dans les secteurs de la construction navale, l'imprimerie et les techniques militaires".
Au XIXe siècle, la Chine, appauvrie et affaiblie, a subi des revers temporaires. En raison de la colonisation de grande envergure par le Japon au XXe siècle, elle est tombée dans un abîme de souffrances, a-t-il poursuivi dans son commentaire. "Les Chinois ont enfin remporté la victoire en 1949 sous la direction de Mao Zedong et la Chine s'est ainsi relevée. La Chine d'aujourd'hui a été édifiée sur la base des efforts de M. Mao, l'incontestable dirigeant politique de la Chine de l'époque, qui a cependant commis des erreurs cruciales, notamment celles du Grand Bond en avant et de la Révolution culturelle dans les années 1950 et 1960."
"Après la mort de M. Mao en 1976, Deng Xiaoping est devenu le dirigeant suprême de l'Etat. Sous sa direction, la Chine a réalisé l'ouverture vers l'extérieur tout en s'intégrant dans l'économie mondiale", a-t-il ajouté, affirmant que c'était également avec Deng Xiaoping que les Chinois ont emprunté la voie de l'enrichissement continu.
A présent, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale. "L'économie se hissera, dans peu de temps, au premier rang mondial grâce à la stabilité relative du pays et à ses dirigeants de haut niveau", a souligné M. Schmidt.
Il a estimé que la nouvelle direction chinoise, avec Xi Jinping à sa présidence, avait entièrement confiance dans ce mode de développement. "Xi Jinping attache une importance particulière aux problèmes liés à la corruption, à l'environnement, à l'appropriation illégale des terres, aux conflits entre rémunérations et investissements et à la sécurité alimentaire", a-t-il affirmé.
"La présence du smog dans les grandes villes demeure un sujet important", a-t-il ajouté, indiquant que "les mesures sous diverses formes pour le combattre nécessitent d'énormes investissements. Elles réduiront l'approvisionnement en énergie des habitants et les revenus des ouvriers de ce secteur, et impliqueront la mise en place d'une politique nationale sur le climat".
Il a noté que "face à l'appel mondial pour la lutte contre le changement climatique, la Chine ne peut plus se permettre de rester à l'écart".
"Les visiteurs étrangers venus aujourd'hui en Chine découvrent que ce pays met simultanément en place plusieurs chantiers : les droits des travailleurs migrants sont davantage garantis et des entreprises agricoles plus importantes avec un meilleur rendement ont fait leur apparition", a-t-il affirmé.
En ce qui concerne la philosophie de gouvernance en Chine, M. Schmidt a évoqué le retour du confucianisme dans la Chine d'aujourd'hui, soulignant que "les explications de Xi Jinping concernant ce sujet illustrent la confiance croissante des Chinois en matière de culture".
"Dans cette civilisation cinq fois millénaire, il est difficile de trouver la moindre trace de la pensée impérialiste, car les Chinois considèrent depuis toujours l'harmonie comme la valeur suprême. Zheng He, grand navigateur chinois du XVe siècle, en est un exemple : "il n'usa jamais de la force militaire malgré ses compétences maritimes", a-t-il expliqué.
Actuellement, l'Union européenne est le plus important partenaire commercial de la Chine, et celle-ci est le deuxième plus important partenaire de l'Union européenne. "Les relations sino-allemandes, quant à elles, ont atteint le meilleur niveau historique", a rappelé M. Schmidt.
Cependant, il a exprimé également son regret de constater que les hauts dirigeants chinois connaissaient mieux l'Occident que ce dernier connaît la Chine.
"Les pays occidentaux ne peuvent s'empêcher de jouer un rôle d'enseignant face à la Chine et à ses dirigeants, mais cette arrogance ne porte pas ses fruits", a-t-il averti, proposant que "peut-être devraient-ils se montrer plus raisonnables et plus modestes afin de laisser la concurrence équitable jouer son rôle".