Dernière mise à jour à 14h05 le 20/08
Q : Depuis l'an dernier, la Chine observe un ralentissement de la croissance de l'économie, et qui entre dans une nouvelle phase, la nouvelle normalité. Que pensez-vous du réajustement de la vitesse de la croissance économique chinoise? Et par là, la Chine continue et continuera à faire la contribution commerciale et financière au monde entier, qu'en pensez-vous ?
Comme je l'ai dit, la Chine est devenue un membre à part entière et un membre important et même essentiel de l'économie globale du monde. La croissance chinoise, nous la connaissons, elle a été fulgurante pendant des décennies. Aujourd'hui, il y a un ralentissement de la croissance, mais quand même une belle croissance que beaucoup de pays aimeraient avoir. Ce qui est important, c'est de voir que dans ce contexte, la Chine continue à être un membre de la communauté internationale, la Chine prend des décisions pour elle-même. Je ne vais pas les commenter, ce sont des décisions, comme vous dites, de la Nouvelle Normalité décidées par le gouvernement chinois. C'est la souveraineté du gouvernement chinois de décider de ces mesures. Ce qui m'intéresse, moi, c'est de voir les décisions qui sont prises par la Chine concernant, par exemple, la nouvelle Route de la Soie. Ça nous intéresse, en tant que Français, de voir ces chemins de croissance qui vont irriguer le monde, la Route de la Soie maritime, la Route de la Soie terrestre.
C'est important pour nous de voir aussi les instruments qui sont mis en place pour accompagner tout cela. Je pense, en particulier, à la Banque asiatique pour les investissements, l'AIIB, mise en place par la Chine, à laquelle la France, après discussion avec ses partenaires européens, a décidé d'être membre fondateur. Ce sont des étapes très importantes. Je suis très confiant dans la manière dont l'avenir se trace. La Chine a décidé d'approfondir des réformes dans la ligne que Monsieur Deng Xiaoping avait décidée et que le président Xi Jinping a décidé de poursuivre. C'est la décision de la Chine. Nous faisons des réformes aussi en France, c'est très important, parce que la France aussi doit s'adapter au monde. La France fait des réformes sur son marché du travail, sur ses dépenses publiques, des réformes qui l'amènent à être apte et champion dans la mondialisation et à trouver des grands partenaires comme la Chine. Nous sommes un peu dans le même bateau de la croissance et de la globalisation.
Q : A la fin du mois dernier, la France a annoncé son intention de rejoindre la Banque asiatique d'Investissement pour les Infrastructures (BAII) en tant que membre fondateur potentiel, et jusqu'à présent, on compte au total 56 pays pour être membre fondateur potentiel. Pourquoi cela attire tant l'attention des pays et comment la France pourra telle en profiter ?
Nous pensons que la Banque asiatique pour les investissements d'infrastructure est une nécessité. La Chine a eu cette idée, qui est une bonne idée, une bonne initiative, parce qu'il y a de grands besoins en Asie et dans le reste du monde. Donc, il est utile d'unir toutes les forces pour travailler dans cette direction. La France est entrée comme membre fondateur. Nous savons que nous sommes dans la phase de négociation qui permet de configurer et de donner la forme de la banque. Nous attachons une grande importance à tous les critères de gouvernance de la banque, sa sécurité, la soutenabilité des clients et du projet, il faut que ce soit une banque qui fonctionne et elle fonctionnera, nous en sommes persuadés. Nous travaillons avec nos partenaires : plus de cinquante pays qui sont maintenant dans cette banque. C'est un projet d'avenir et nous voulions y être présents.
Q : Cette année, on va commémorer le 70ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme vous avez travaillé à Berlin en tant qu'ambassadeur de France en Allemagne, comment avoir une responsabilité et attitude face à l'histoire et vers la future ?
J'ai travaillé en Allemagne et je suis issu de la première génération de Français qui n'a pas fait la guerre contre les Allemands. C'est la première fois dans l'histoire qu'il y a une génération qui n'a pas fait la guerre contre les Allemands. Donc la paix, c'est quelque chose de très précieux. Ce qui est important, c'est la paix, mais c'est aussi de regarder son voisin. Le voisin a fait des fautes, le voisin a reconnu ses fautes. Le Général de Gaulle, toujours lui, en 1963, avec le traité des Elysée, a tendu la main au voisin. Le Général de Gaulle, pour tendre la main au voisin, c'est appuyer sur les échanges des hommes et des femmes de chaque côté des frontières, les jumelages notamment entre les villes.
La France et l'Allemagne sont les deux pays au monde qui ont le plus grand nombre de jumelages de villes. Nous nous sommes donc réconciliés avec les Allemands, et avec eux nous avons construit l'Europe. Nous sommes le socle de l'Europe, alors que nous sommes les deux pays qui avons fait la guerre pendant des siècles. Et qui avons déclenché deux guerres mondiales. Nous commémorons avec les Allemands, régulièrement. Nous commémorons dans le souvenir de ceux qui sont morts. Nous commémorons pour que jamais la guerre ne recommence. Reconciliés, nous commémorons ensemble pour regarder l'avenir ensemble. C'est comme ça que j'ai travaillé avec les Allemands, et c'est ainsi que les Français travaillent.