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Les engagements chinois et américain injectent une nouvelle énergie dans la lutte contre le changement climatique

Xinhua | 28.09.2015 08h39

Les engagements de la Chine et des Etats-Unis, les deux plus grandes économies du monde, ont injecté une nouvelle énergie dans la lutte contre le changement climatique, et ouvre des perspectives pour la conclusion d'un pacte ambitieux en décembre à Paris, ont estimé des experts environnementaux.

Le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Barack Obama ont conclu vendredi leur rencontre à la Maison Blanche par une déclaration conjointe qui définit toute une série d'actions nationales et d'engagements financiers, y compris l'engagement chinois à donner 20 milliards de yuans (3 milliards de dollars) pour aider les autres pays en développement à combattre le changement climatique.

Ces engagements, annoncés une semaine à peine après le sommet des dirigeants sino-américains sur le climat à Los Angeles, se fondent sur l'accord historique que MM. Xi et Obama ont conclu en novembre dernier à Beijing, par lequel la Chine se fixe comme objectif d'atteindre le pic de ses émissions de CO2 d'ici 2030, alors que les Etats-Unis promettent de réduire de 26% à 28% d'ici 2025 leurs émissions en deça des niveaux de 2005.

CHANGEMENT SIGNIFICATIF DANS LE FINANCEMENT CLIMATIQUE

"Je pense qu'il est très encourageant de connaître les détails sur la façon dont la Chine et les Etats-Unis entendent transformer l'accord (de 2014) sur le climat en actes concrets", confie à Xinhua Jennifer Turner, directrice du Forum sur l'environnement de la Chine au Centre international Woodrow Wilson, un groupe de réflexion basé à Washington.

L'un des points marquants de cette déclaration commune est que la Chine lancera en 2017 un système national d'échange de quotas d'émission (ETS) couvrant la production d'électricité, d'acier, de ciment et d'autres secteurs très polluants, sur lequel la Chine a travaillé une vingtaine d'années avec des partenaires américains.

Bien que les sept programmes pilotes du système ETS mis en place dans des villes et provinces chinoises n'aient pas encore tous réussi, ils seront utiles pour contribuer à expérimenter ce qui pourrait fonctionner en Chine de sorte que le système puisse être étendu à l'échelle nationale, a expliqué Mme Turner.

Et en s'engageant au plus haut niveau avec un tel programme, la Chine a clairement signifié aux entreprises et aux investisseurs qu'elle entendait faire la transition vers une économie à faible émission de carbone, note Andrew Steer, président de l'Institut mondial des ressources (WRI), une ONG environnementale basée à Washington,

"C'est un engagement remarquable, en particulier de la part de la Chine, qui a encore un PIB plus petit que celui des Etats-Unis et qui est bien plus pauvre par rapport au nombre d'habitants", estime Deborah Seligsohn, experte des questions environnementales en Chine à l'Université de Californie à San Diego.

Sarah Ladislaw du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) et Michelle Patron du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche décrivent l'engagement de financement climatique de la Chine comme "un changement significatif", car il élargit le pool des principaux donateurs au-delà des pays industrialisés.

"Le financement climatique, notamment la capacité des pays à tenir leurs promesses de financement, sera toujours une question litigieuse dans les négociations à venir, mais l'engagement de financement de la Chine oriente le débat vers une direction positive", écrivent-elles dans un article posté sur le site du CSIS.

M. Steer du WRI exprime un point de vue similaire, qualifiant la promesse de "moment décisif" qui élève la Chine à un nouveau niveau en matière de financement climatique. "Ces nouveaux flux de financement devraient rassurer les pays en développement sur le fait que le financement climatique sera disponible via un plus grand nombre de contributeurs", estime-t-il.

Pour sa part, le gouvernement américain a réaffirmé son engagement à verser 3 milliards de dollars au Fonds vert pour le climat (FCV) de l'ONU, annoncé l'an dernier par Barack Obama lors d'une réunion du G20 en Australie. Cependant, cette somme est encore entre les mains du Congrès, où les parlementaires républicains ont juré de bloquer le versement de la première tranche de 500 millions de dollars.

La déclaration conjointe de vendredi peut tomber à point pour M. Obama, qui a l'intention de consolider son bilan environnemental avant la fin de son mandat présidentiel début 2017.

Mmes Ladislaw et Patron disent aussi voir un "symbole fort" dans le fait que la Chine annonce son système ETS à Washington, là où le Congrès a refusé d'adopter des mesures similaires en partie à cause de problèmes de concurrence vis-à-vis de la Chine.

"Le débat sur la comparaison des efforts sera bien sûr toujours digne d'intérêt, mais il est aujourd'hui impossible de dire que les deux pays ne sont pas actifs", ajoutent-elles.

AMELIORER LES PERSPECTIVES D'UN ACCORD A PARIS

Lors du sommet des dirigeants sur le climat à Los Angeles les 15 et 16 septembre, une vingtaine d'autorités régionales chinoises et américaines ont annoncé leurs projets ambitieux pour combattre le changement climatique.

Dans une déclaration à l'issue de ce sommet, les responsables des municipalités de Beijing, Los Angeles, New York et Washington, ainsi que des provinces chinoises du Sichuan, du Hainan, de Guangzhou et celles des Etats américains de Californie et du Connecticut, ainsi qu'une dizaine d'autres provinces, Etats et villes, ont tous fixé des objectifs de réduction d'émission de CO2 au cours des prochaines décennies.

Onze provinces et villes chinoises ont ainsi promis d'atteindre un pic d'émission d'ici 2020-2030, alors que les Etats et les villes américaines se sont engagés à augmenter leur pourcentage d'énergies renouvelables et à réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière substantielle.

Prenons la Californie comme exemple. Cet Etat majeur va réduire de 40% ses émissions d'ici 2030 par rapport à ses niveaux en 1990 et de 80% d'ici 2050, ce qui est l'objectif le plus ambitieux dans l'Amérique du Nord.

"L'annonce du président Xi et les engagements des onze villes et provinces chinoises (...) à agir plus rapidement contre le changement climatique, avec leurs partenaires américains, constituent un bon signe qui permettra d'inciter d'autres pays à en faire plus lors des prochaines négociations", a indiqué Jennifer Turner.

Les perspectives de conclure un accord ambitieux lors de la 21e conférence de l'ONU sur les changements climatiques (COP 21) en décembre à Paris sont ainsi améliorées, a-t-elle ajouté.

Ces nouvelles promesses sino-américaines "pourraient aider à sortir de l'impasse exactement de la même façon que l'annonce conjointe faite en novembre dernier l'avait fait, en comblant le fossé entre pays développés et en développement lors des négociations de Lima", écrivent Mmes Ladislaw et Patron. Pour elle, ces nouveaux engagements ont "clairement pour intention d'améliorer les perspectives d'un progrès diplomatique en décembre".

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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