Dernière mise à jour à 08h49 le 28/09
"C'est l'économie qui compte!", avait dit Bill Clinton lors de sa campagne électorale en 1992, alors que ses rivaux dans la course à la Maison Blanche étaient surtout préoccupés par la politique.
Cette phrase célèbre a fait florès aux Etats-Unis, où le débat national s'est de plus en plus polarisé, essentiellement sur des questions idéologiques, mais elle est presque absente en politique internationale ou dans les relations sino-américaines.
Elle n'a pas besoin d'être plus présente, car de toute façon, la croissance économique, les créations d'emploi et les revenus sont aujourd'hui les principaux sujets d'intérêt des populations des deux plus grandes puissances du monde.
UN OCEAN QUI RETRECIT
Les Etats-Unis et la Chine ont des différends et la façon de les aborder laisse parfois penser qu'un océan les sépare.
Les hommes politiques américains, particulièrement ceux à Washington et ceux qui ne sont pas au pouvoir, paraissent plus négatifs sur ce point.
Pourtant, Patrick Santillo, sous-secrétaire adjoint au ministère du Commerce, a confié lors d'un séminaire mardi à Seattle qu'en matière de relations sino-américaines, toutes les parties impliquées dans les projets régionaux étaient optimistes. Rien que du côté américain, 42 des 50 Etats avaient enregistré une croissance à trois chiffres de leurs exportations vers la Chine depuis 2005.
Devant un auditoire mixte de quelque 450 personnes, comprenant des responsables d'administrations nationales et régionales, des patrons d'entreprises et de chambres de commerce, M. Castillo, évoquant ses quelque 30 années d'expérience au Département du Commerce, a souligné que "certaines des expériences les plus intéressantes et les plus appréciables viennent de projets régionaux".
Au moment où M. Castillo s'exprimait, le président chinois Xi Jinping, à quelques rues de là, déclarait devant un parterre de gouverneurs d'Etats américains et de provinces chinoises que les relations nationales "avaient toujours besoin du soutien des peuples et devaient les servir. Les provinces et les Etats sont au plus près des peuples".
PRISE DE CONSCIENCE CROISSANTE
M. Xi, au premier jour de sa visite d'Etat aux Etats-Unis, s'est dit "tout à fait conscient de l'importance de la coopération régionale pour la croissance des relations globales entre les pays". S'exprimant devant le 3e Forum des gouverneurs chinois et américains, il a reconnu que "sans une coopération réussie au niveau régional, il serait très difficile de parvenir à des résultats au niveau national".
Il a estimé que c'était désormais "le bon moment" pour les entités régionales des deux pays de travailler ensemble.
Six gouverneurs américains ont profité du forum pour conclure avec leurs homologues chinois un accord promouvant des opportunités de croissance dans le domaine de la technologie des énergies propres et renouvelables. Parmi eux, Jay Inslee, gouverneur de l'Etat de Washington, est parti du constat que "Chinois et Américains respirent le même air". "Nous savons aujourd'hui que nous avons énergies propres qui ne polluent pas l'air et nous fournissent l'énergie nécessaire à la croissance économique", a-t-il dit.
Il a reconnu en la Chine "le créateur d'emplois No1" dans l'Etat de Washington, étant donné que près d'un quart des exportations de cet Etat du nord-ouest des Etats-Unis sont parties pour la Chine.
Lors du séjour de deux jours de M. Xi à Seattle, l'Etat de Washington a signé un protocole d'accord avec un certain nombre de provinces chinoises en vue de créer un groupe de travail conjoint chargé de promouvoir le commerce et l'investissement. Il a aussi conclu un accord avec la province de Guangdong (sud) en vue d'explorer des opportunités dans le secteur manufacturier de pointe et les sciences de la vie.
RENFORCER LE DYNAMISME
L'Etat de Washington n'est pas le premier à coopérer avec les provinces chinoises, a toutefois rappelé Xia Xiang, conseiller chargé des affaires économiques et commerciales au consulat général de Chine à San Francisco.
Les premiers groupes de travail de ce type ont été formés entre la Californie et six provinces chinoises en 2013.
Pour M. Xia, "les gouvernements chinois et américains développent des partenariats économiques, mais il faut les concrétiser. Dans la plupart des cas, ce sont des provinces et des Etats qui le font".
C'est ainsi que le gouverneur de l'Iowa Terry Branstad, celui de Washington Jay Inslee et celui de Californie Jerry Brown ont rencontré le président chinois et les dirigeants provinciaux chinois à Seattle.
Parallèlement, Laura Foell, agricultrice de cinquième génération originaire de l'Iowa, a animé un débat sur les questions agricoles lors du séminaire sino-américain sur le commerce et l'investissement. Elle a exprimé plusieurs fois sa gratitude pour les relations commerciales avec ses clients chinois.
En marge de cette activité, Mme Foell a expliqué en tant que présidente de la Commission américaine des exportations de soja, environ 60% du soja américain était cultivés pour l'exportation, dont près de la moitié part en Chine. Par conséquent, pour les économies régionales et les communautés agricoles, les relations avec la Chine sont cruciales.
M. Inslee a visité la Chine en 2013 en faisant partie d'une mission commerciale partie en Asie.
En réponse à la question d'un journaliste chinois s'il comptait travailler un jour dans la capitale fédérale, Washington D. C., M. Inslee a répondu sans hésitation en souriant: "Non, nous préférons travailler ici, dans l'Etat de Washington, le vrai Washington."