Dernière mise à jour à 11h03 le 05/10
Le dernier sommet "très productif" entre le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Barack Obama a ouvert "de nombreux domaines" de coopération, a déclaré l'ancien ambassadeur des Etats-Unis en Chine, Stapleton Roy, dans une interview accordée récemment à Xinhua.
"Ils ont eu des rencontres très productives", a souligné M. Roy, fondateur et directeur émérite de l'Institut Kissinger des études sino-américaines, évoquant les réunions tenues le 25 septembre à la Maison Blanche entre les deux dirigeants lors de la première visite d'Etat de M. Xi aux Etats-Unis.
M. Roy, qui est né à Nanjing (Chine) en 1935 et qui a été ambassadeur des Etats-Unis en Chine de 1991 à 1995, a déclaré que le sommet entre Xi Jinping et Barack Obama avait abordé "toute une gamme de questions" allant du changement climatique à l'Afghanistan en passant par la conservation de l'océan.
"Si vous ne suivez pas de près les relations sino-américaines, vous seriez époustouflé par le nombre de domaines dans lesquels nous coopérons avec la Chine", a indiqué cet ancien diplomate.
M. Roy s'est félicité de l'"avancée majeure" obtenue sur la question litigieuse du vol électronique de propriété intellectuelle au cours du sommet, pendant lequel les deux dirigeants sont convenus que de tels actes étaient un crime et que les deux gouvernements devaient prendre des mesures pour le combattre.
Les deux dirigeants ont également décidé d'organiser un dialogue de haut niveau sur la cyber-sécurité deux fois par an, la première réunion étant prévue pour la fin de l'année.
"Nous avons décidé de mettre en place un groupe de travail de haut niveau pour discuter des normes du cyberespace, et nous avons un mécanisme de dialogue conjoint de haut niveau pour traiter les questions de cybercriminalité. C'était un important pas en avant", a fait remarquer M. Roy.
En ce qui concerne un autre dossier important, celui de la mer de Chine méridionale, M. Roy a salué la promesse de M. Xi de ne pas chercher à militariser les îles Nansha, qui appartiennent au territoire chinois depuis l'ancien temps.
"Le président chinois a déclaré pour la première fois que la Chine n'avait pas l'intention de poursuivre la militarisation" des îles Nansha. "C'est donc une évolution importante", a-t-il déclaré.
M. Roy a noté que les chefs d'entreprises américains ont apprécié les remarques prononcées par M. Xi lors d'un banquet en son honneur tenu le 22 septembre à Seattle, dans l'Etat de Washington, pendant lequel il a indiqué que la Chine poursuivrait sa politique de réforme et d'ouverture et que les sociétés étrangères investissant en Chine bénéficieraient d'un traitement équitable et juste.
M. Roy a aussi mentionné que de "longs accords" avaient été conclus par les deux dirigeants sur les moyens de faire face au changement climatique lors de leur sommet à Beijing en novembre dernier. Les deux parties se sont engagées à travailler ensemble pour assurer le succès de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui aura lieu à Paris en décembre.
"Il me semble donc que ce sommet a ouvert de nombreux domaines dans lesquels nous avons des choses à faire", a souligné M. Roy, qui a souligné que ce qui comptait n'était pas d'obtenir des résultats instantanés, car "Rome ne s'est pas construite en un jour".
Par exemple, la cyber-sécurité est un problème très complexe, car la législation établie pour faire face aux activités non électroniques est difficile à appliquer au cyber-espace en raison des difficultés d'attribution, a-t-il expliqué. Comme les gouvernements et des groupes non gouvernementaux mènent des activités électroniques, il est difficile de faire la part des choses entre les deux.
"Je pense que l'objectif des deux gouvernements est d'étendre les domaines où nous sommes d'accord et de s'occuper des domaines où nous avons des différends. Quand vous regardez les résultats du sommet, c'est exactement ce que nous avons obtenu", a déclaré M. Roy.
Cet expert en Chine a noté que l'actuelle campagne électorale aux Etats-Unis ne compliquerait pas les relations bilatérales et n'aurait pas un grand impact sur elles. "Ce n'est pas un hasard si quatre présidents républicains et deux présidents démocrates ont estimé que renforcer la coopération avec la Chine était dans l'intérêt national des Etats-Unis au cours des 40 dernières années", a-t-il souligné.