Dernière mise à jour à 08h31 le 14/12
Soixante-dix-neuf ans après la défaite du Japon à la Seconde Guerre mondiale, l'humanité reste accablée par la honte que le Japon pourrait ne jamais présenter des excuses officielles aux 107 survivants de l'effroyable massacre perpétré par le pays en 1937 dans la ville de Nanjing (Nankin), dans l'est de la Chine.
Mais leur souffrance et celle des 300.000 autres innocents massacrés par le Japon rien que dans cette ville continuent de susciter des appels à la justice en Chine et ailleurs. A l'occasion de la troisième Journée nationale à la mémoire des victimes du massacre de Nanjing ce mardi, les autorités locales et des institutions multinationales ont publié une mine de nouvelles informations et preuves historiques attestant des atrocités indéniablement commises par le Japon.
La réponse du Premier ministre japonais Shinzo Abe a été décevante, celui-ci ayant simplement exprimé "de profonds remords". Dans son discours prononcé devant le Congrès américain l'année dernière et dans son allocution de la semaine dernière annonçant une visite "de réconciliation" à Pearl Harbor, M. Abe a de nouveau refusé de présenter des excuses sans équivoque aux victimes américaines, alors même que les Etats-Unis sont l'allié le plus important du Japon depuis la fin de la guerre.
Bien que le Premier ministre conservateur ait l'habitude de minimiser l'importance des faits historiques, il est profondément alarmant de le voir qualifier le Japon de pays pacifiste digne de confiance d'un côté et d'occulter le passé honteux du pays pendant la guerre tout en encourageant l'expansion militaire de l'autre.
Conscient que ces manœuvres pourraient entacher sa crédibilité et accroître le risque de conflit, M. Abe a eu recours à diverses combines pour décrédibiliser la Chine à la place, accusant son ancienne victime d'être responsable de la faible reprise du Japon et de la forte instabilité dans la région.
Compte tenu de l'absence ou, du moins, du manque de réponse collective de la part de la communauté internationale face au révisionnisme et au négationnisme de M. Abe, les efforts massifs déployés pour rendre justice aux victimes ont échoué et de nombreuses rumeurs ont été répandues, pour le plus grand malheur des familles des victimes.
M. Abe aura beau chercher à soustraire le Japon à ses responsabilités historiques et à "normaliser" le pays, il restera tenu de présenter des excuses. Les autres parties qui ont autrefois combattu ensemble pour vaincre le fascisme auraient dû faire en sorte que le Japon présente des excuses et contribuer à mettre en place l'ordre mondial d'après-guerre bâti au prix de grands efforts.
Aucun prétexte ou calcul visant à protéger des intérêts personnels ne devrait être placé devant la vie des 300.000 victimes de Nanjing. La remise en cause des faits historiques pour quelque motif que ce soit est une insulte inadmissible aux morts et aux vivants. Le sang et les larmes versés il y a 79 ans sont porteurs de trop de souffrance pour qu'on tolère toute tentative de révisionnisme ou de négationnisme. Les 300.000 victimes de Nanjing méritent bien des excuses.