Dernière mise à jour à 08h38 le 30/05
Le souhait de la Chine est que les consultations sino-américaines débouchent sur un accord, car une guerre commerciale ne profite ni à la Chine, ni aux Etats-Unis, ni au monde, plaide Zhai Jun, ambassadeur de Chine en France, dans une tribune parue mercredi dans le journal français Les Echos.
Il a relevé deux points saillants dans l'impasse où sont enlisées ces derniers jours les négociations économiques et commerciales sino-américaines.
Premièrement, le dernier rapport de l'OCDE montre qu'à cause de la guerre commerciale, la croissance économique mondiale pour 2019 et 2020 ne devrait être que de 3,2% et de 3,4 %, bien inférieure à la moyenne des 30 dernières années.
Deuxièmement, après l'annonce par les États-Unis de la mise sous embargo de Huawei, les cours de plusieurs sociétés européennes de puces et de haute technologie ont chuté, le recul le plus important ayant atteint près de 10%.
"Quand l'un s'enrhume, c'est un autre qui tousse", note M. Zhai, rappelant que ces deux événements montrent que, dans un monde où chaînes industrielles et chaînes de valeur sont si fortement imbriquées, les frictions commerciales sino-américaines impactent le monde entier et que tous les pays se retrouvent à leur corps défendant "partie concernée".
Il souligne que le souhait de la Chine est que les consultations sino-américaines débouchent sur un accord, car une guerre commerciale ne profite ni à la Chine, ni aux Etats-Unis, ni au monde.
"Notre ambition, à travers un approfondissement continu des réformes et de l'ouverture, est de partager avec le monde entier les opportunités de développement et de devenir 'une Chine pour l'Asie et pour le monde' ", selon l'ambassadeur chinois.
"A travers d'inlassables efforts, nous n'avons eu de cesse de sauvegarder les règles du libre-échange et du multilatéralisme commercial. La Chine a largement assoupli, pour les étrangers, ses règles d'accès au marché et à son secteur des services. Le montant des droits de propriété intellectuelle acquitté par notre pays est passé de 1,9 milliard USD en 2001, à 34 milliards USD en 2018. Et nous ferons encore mieux à l'avenir", déclare M. Zhai.
Il indique que la Chine ne peut accepter d'accord que s'il est équilibré et gagnant-gagnant. Elle ne saurait sacrifier ses intérêts fondamentaux et son droit légitime au développement pour le simple plaisir de parvenir à un accord. Pour la Chine, il s'agit là d'un principe cardinal et d'une condition sine qua non.
"Cette guerre commerciale, nous ne la souhaitons pas. Mais nous ne céderons à aucun chantage. S'il faut la faire, cette guerre, nous la ferons", souligne-t-il.
Selon le diplomate chinois, la crise financière qui a ébranlée le monde en 2008 a fait comprendre à chacun l'importance de la solidarité. C'est ce qui a engendré, dans la décennie suivante, le G20, l'accord historique de la Conférence de Paris sur le changement climatique, l'amélioration constante de la gouvernance mondiale et la forte adhésion de notre époque au multilatéralisme.
Il estime qu'il est regrettable de constater qu'aujourd'hui il se trouve encore des adeptes de la force brute qui, pour servir leurs intérêts, se livrent à un harcèlement unilatéral, à des pressions extrêmes et à des pratiques d'extraterritorialité judiciaire. Assurément, il s'agit là d'une régression par rapport au cours de l'histoire. Nous sommes en face d'une menace contre les règles intangibles de la paix et de la prospérité mondiales. C'est le droit et la justice qui sont bafoués.
Il souligne que le monde, plus que jamais, a besoin du multilatéralisme. En tant qu'entités économiques majeures et grandes puissances mondiales, la Chine et l'Union européenne (UE) portent une responsabilité plus lourde que jamais. "Il nous faut, par des actions concrètes, démontrer notre détermination et notre courage pour la sauvegarde et l'avenir du multilatéralisme", poursuivi M. Zhai.
Il avoue qu'il existe des désaccords et des divergences de vues entre la Chine et l'UE. "Mais c'est justement parce que chacun respecte l'autre et dialogue sur un pied d'égalité que nous avons pu, tout récemment, publier une déclaration conjointe de haut niveau lors du récent Sommet UE-Chine et envoyer au monde des signaux positifs et encourageants", conclut-il.