Dernière mise à jour à 11h20 le 02/12
Après plus de 30 ans de lutte contre le VIH/sida, l'un des principaux champs de bataille de la Chine contre le sida a atteint les objectifs des Nations Unies « 90-90-90 ».
Le bureau de prévention du VIH/sida de la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine), a déclaré le 30 novembre que, fin novembre, le Yunnan avait atteint l'objectif fixé par ONUSIDA.
Une photo prise le 27 novembre 2020 montre des kits de diagnostic du VIH dans une pharmacie de Kunming, dans la province chinoise du Yunnan (sud-ouest). (Xinhua / Wang Guansen)
Le but consiste à atteindre trois objectifs mesurables : 90% des personnes vivant avec le VIH doivent connaître leur statut infectieux ; 90% des personnes séropositives reçoivent un traitement antirétroviral soutenu ; et 90% de ceux qui reçoivent un tel traitement sont « supprimés sur le plan viral », ce qui indique un risque négligeable de transmission sexuelle du VIH.
Un combat de trois décennies
Lorsque Jia Manhong a commencé son travail dans le dépistage du VIH il y a plus de trois décennies, sa famille et ses amis considéraient cet emploi comme « dangereux et inavouable ».
«Ma mère était particulièrement inquiète de possibles infections. Chaque fois que je rentrais du travail à la maison, elle me regardait pendant que je me lavais les mains et que je changeais de vêtements », a déclaré Jia Manhong, aujourd'hui âgée de 53 ans. Elle est conseillère principale de la commission provinciale de lutte contre le sida du Yunnan, et elle fait également partie d'un comité consultatif d'experts sur la prévention et le contrôle des maladies de la Commission nationale de la santé.
Le Yunnan a signalé sa première infection à VIH en 1987 et a trouvé des clusters de cas en 1989, devenant ainsi l'un des principaux champs de bataille anti-sida de la Chine. C'est alors que Jia Manhong, qui était alors diplômée d'une école de médecine, a rejoint la ligne de front anti-virus.
Après 30 ans de lutte contre le VIH, elle a noté une nette amélioration de la sensibilisation du public et des conditions de travail du personnel médical. « Je me souviens que nous faisions régulièrement face à un risque élevé d'exposition professionnelle pendant les expériences, et chaque année, plusieurs collègues devaient prendre des médicaments anti-VIH », a-t-elle raconté.
À partir de 2005, quatre cycles de guerre contre le virus du VIH ont été lancés. « Le réseau de prévention à l'échelle de la province fonctionne bien. Le modèle de participation multisectorielle dirigé par le gouvernement a consolidé et freiné l'épidémie de sida dans la province », a déclaré Lu Lin, qui a ajouté que pour stimuler la détection précoce, le Yunnan encourage les services de conseil et de test volontaires (CDV) dans des domaines clés. Aujourd'hui, toutes les communes rurales de la province ont une capacité suffisante pour effectuer des tests de dépistage du VIH.
De janvier à octobre de cette année, le Yunnan a enregistré plus de 28,2 millions de tests, en hausse de 41,5% d'une année sur l'autre.
De son côté, a déclaré Yang Yan, directeur du département de prévention du VIH/sida de la commission provinciale de la santé, le gouvernement central a alloué 690 millions de yuans (environ 105 millions de dollars) au Yunnan cette année, pour soutenir son travail de lutte contre le sida.
« Il est facile d'acheter des réactifs et les clients peuvent obtenir les résultats en 20 minutes », a indiqué Guan Haibo, directeur d'une pharmacie dans la capitale provinciale, Kunming.
« Dans des régions comme Zhaotong qui envoient beaucoup de travailleurs migrants, nous fournissons des services de test aux travailleurs qui reviennent pendant le Nouvel An chinois, dans le but d'étendre la couverture des tests », a noté Lu Lin.
Personne n'est laissé de côté
Au Yunnan, le personnel de lutte contre le sida se rend souvent dans les régions où le taux d'infection par le VIH est élevé, diffusant les connaissances sur la prévention du sida, prodiguant des conseils psychologiques et dispensant une éducation par les pairs.
En octobre 2018, le docteur Han Yu a été envoyé dans plusieurs comtés frontaliers pour guider le travail de lutte contre le sida. Au cours de son séjour d'un mois, elle a aidé au traitement d'un garçon de quatre ans dont le père était décédé du sida en raison de la toxicomanie. « Le garçonnet vivait avec sa grand-mère et un oncle qui travaillait loin de chez lui. Nous avons persuadé son oncle de suspendre son travail pendant trois mois et d'aider le jeune garçon à prendre des médicaments anti-virus », a-t-elle déclaré.
Bien qu'elle soit partie plus tard, le docteur Han demande souvent à ses collègues de vérifier régulièrement l'état de santé du garçonnet. « Maintenant, son traitement est efficace et il est devenu élève de première année ».
Depuis l'éclosion de l'épidémie de COVID-19, le personnel de lutte contre le sida du Yunnan consacre encore plus d'énergie à la bataille. Selon Lu Lin, ceux qui passent des tests du COVID-19 reçoivent également une aide pour passer des tests VIH, et beaucoup plus sont diagnostiqués à temps.
Selon les experts, la clé du succès du Yunnan dans la maîtrise de l'infection à VIH réside dans les partenariats entre différents secteurs et organisations.
Chen Yanlin, 40 ans, se consacre à la prévention du sida pour les groupes à haut risque depuis 2007. Il est directeur du Centre de conseil et de services de santé Rainbow Sky, une organisation locale de la communauté gay. Il a déclaré qu'au cours des 10 dernières années, il a été témoin d'une transformation de l'attitude du public envers les patients atteints du SIDA. « Je suis allé à une réunion il y a de nombreuses années et alors, les gens avaient peur des personnes infectées et ne voulaient pas prendre de repas avec eux ».
Mais maintenant, avec de plus en plus d'organisations sociales impliquées, les patients reçoivent un soutien de diverses manières. De nombreux patients sont également prêts à devenir des volontaires pour aider les autres à lutter contre cet ennemi commun, a-t-il noté.
En tant que force importante dans la prévention et le contrôle du sida, les organisations de bien-être public peuvent aider à couvrir plus de personnes, en fournissant de nouvelles idées pour la prévention du sida, avec des stratégies plus diverses appliquées de manière précise, a pour sa part souligné Ma Baoli, fondateur de Danlan Public Interest, une grande organisation axée sur la prévention du SIDA basée sur les communautés en ligne en Chine.