Par Pierre Silverberg
L'histoire de l'aviation naissante au Japon, récit historique du maître de l'animation nippone. Kaze Tachinu (Le vent se lève), le dernier film d'animation de Hayao Miyazaki, Oscar du meilleur film d'animation en 2003 pour "Le voyage de Chihiro", sera en effet... le dernier.
Annoncé en conférence de presse par Koji Hoshino, le président des studios Ghibli, Hayao Miyazaki a décidé de mettre un terme à sa carrière de réalisateur et fera l'annonce de son retrait lors d'une conférence de presse à Tokyo.
Le film d'adieu du maître de l'animation retrace l'histoire de l'ingénieur japonais qui développa pour la société Mitsubishi les tristements célèbres avions A6M Zero qui servirent entre autres à la mission sur Pearl Harbor.
Le réalisateur explore dans cet ultime film un terrain dans lequel on ne l'attendait pas. En effet grand magicien de la fiction c'est la première fois que Hayao Miyazaki part de faits historiques pour construire son scénario.
Ancré dans la période de l'entre deux guerres, le film suit en parallèle l'histoire connue de Jiro Horikoshi (doublé par le réalisateur et ami de Hayao Miyazaki: Hidaeki Anno), l'ingénieur myope qui, influencé par les travaux aéronautiques du conte italien Caproni, développa le premier avion moderne japonais, mais également l'histoire moins connue -ou inventée- de sa romance avec Naoko Satomi malade de la tuberculose (doublée par l'actrice Miori Takimoto ( Yuki dans "Hingajima").
Mis à part les séances de rêverie récurrentes dans lesquelles le jeune ingénieur semble puiser son inspiration, le film surprend par sa simplicité. Pas de petits êtres imaginaires, pas de sortilèges ou de magie, cette fois-ci H. Miyazaki a décidé de puiser le merveilleux dans le réel. Toute son attention est portée sur ce personnage dont il admire l'histoire depuis longtemps. Son abnégation, son dévouement, tant à son projet d'avion qu'envers sa femme malade condamnée, ainsi que la précision et l'ingéniosité dont il fait preuve semblent fasciner le réalisateur, qui signe un très beau film sur une page difficile de l'histoire.
H. Miyazaki nous montre un Japon méconnu, pauvre, victime de la récession tiraillé entre la fascination pour la modernité et les spectres du totalitarisme. Pourtant il parvient à épargner son personnage de la politique, car, bien qu'il crée les avions de guerre japonais il doit en dessiner les plans caché chez son collègue car il est poursuivi par la police politique.
H. Miyazaki ne fait pas non plus l'impasse sur des sujets que le japon voudrait oublier, tels que l'incendie de Tokyo, l'invasion de la Chine ou son alliance avec Hitler.
Le réalisateur de 72 ans clôt donc une carrière commencée en 1961 sur un film beau et triste en même temps. Un film d'adieu qui nous fera regretter son départ mais peut être aussi qu'il ait attendu de mettre un terme à sa carrière pour nous proposer un film inspiré du réel. Il ne fait aucun doute que ses films manqueront à ses nombreux admirateurs de part le monde.