Richard Sears a consacré une partie de sa vie à retrouver les formes originales des caractères chinois sur son site Internet, au cours des vingt dernières années.
Depuis vingt ans, l'Américain Richard Sears s'est passionné pour permettre de donner ine information étymologique des caractères chinois en ligne, remontant ainsi à l'origine de ces idéogrammes, ayant été sculptés ou écrits sur des bouts de bambou ou de soie, il y a plus de 2 000 ans.
l'homme âgé de 62 ans qui a lancé son site Web en 2002 (http://www.chineseetymology.org), avait suscité jusqu'à présent peu de réactions de la part des internautes chinois, avant que deux journaux chinois décident de publier son histoire.
De nombreux blogueurs chinois ont salué son travail, mais aussi déplorer le fait que des agences de promotion de la culture financées par le gouvernement aient été incapables de créer un tel site pour ceux qui s'intéressent aux caractères chinois. Sur son site internet, chaque caractère est affiché avec trois anciennes variations, le script du sceau, l'inscription sur bronze et os d'oracle, ainsi qu'un guide illustré sur son étymologie.
Malgré ce récent succès, Richard Sears, qui vit à Beijing, a déclaré qu'il restait encore un gros travail à faire », surtout pour retrouver la forme ancienne des caractères chinois, le fait qu'il existe des contradictions dans différents livres».
«Je pense aussi à la numérisation des caractères chinois cursifs et les indexer», a-t-il souligné.
Pendant plus de deux décennies, l'Américain a compilé une base de données de plus de 96 000 caractères chinois archaïques utilisant trois livres anciens : Shuo Wen Jiezi, Xu Jia Gu Wen Bian et Jin Wen Bian.
Avec différents caractères provenant de Liu Shu Tong, il présente toutes les formes de sceau disponibles. Par exemple, un caractère dispose de 16 scripts de sceau , 20 de bronze et 81 variations d'os d'oracle.
Le site dispose d'une analyse étymologique complète des 6552 caractères chinois modernes les plus courants, ainsi que d'un discours en mandarin, taiwanais, cantonais et une base de données indiquant la phonétique pour chaque caractère.
Pour l'Américain : «Le dicton chinois « vivre et apprendre jusqu'à ce que vous devenez vieux», signifie que nous pouvons continuer à apprendre tout au long de notre vie. J'ai un grand intérêt pour les langues. Je parle couramment chinois et j'ai étudié plusieurs autres langues, avec un succès variable.
«Lors de la numérisation de ces caractères anciens, je connais à 90%, l'étymologie des signets, mais pour 50% d'entre eux, différents spécialistes ont des opinions divergentes . Enfin, pour les 10% restant, impossible de retrouver la forme d'origine».
Ce grand sinophile a pu réaliser ce travail pratiquement seul.
«En indexant les caractères anciens, je me suis peu à peu familiariser avec l'évolution d'un caractère par rapport à sa forme initiale, ce qui est plus proche du principe de l'idéogramme de départ de la langue chinoise. C'est assez facile pour moi en tant qu'apprenant de comprendre la signification originelle derrière chaque caractère».
«Avec l'avantage d' un système informatique de l'étymologie, je peux faire toutes sortes d'analyses de textes chinois, et ce projet de recherche en ligne peut m'aider à mieux identifier les erreurs ou les incohérences, qui peuvent être corrigés plus facilement et de manière systématique».
Tombé sous le charme de la langue chinoise au cours de sa première visite à Taiwan en 1972 alors qu'il n'avait que 22 ans, Richard Sears a décidé de l'apprendre. Pendant ses études, il a confié se sentir intimidé par la perspective d' apprendre à écrire autour de 5000 caractères liés à une combinaison de 60 000 idéogrammes, dont beaucoup n'ont aucune logique apparente avec leurs structures initiales.
Notant l'absence de livre en anglais expliquant l'étymologie de ces caractères, cela l'a incité à créer son propre site Internet.
«En 1994, j'ai eu une grave crise cardiaque, qui a failli me coûter la vie. A ce moment, j'ai eu cette envie de réaliser mon rêve et de mettre en place ce site, pensant qu'il me restait peu de temps à vivre !», se souvient-il. «Heureusement, après la réussite d'un pontage coronarien, j'ai survécu et j'ai commencé à numériser des caractères chinois, en embauchant également des personnes pour les scanner pour moi».
Les coûts liés à la réalisation de ce projet ambitieux, y compris les livres, les salaires et voyages, lui ont valu de rudes épreuves. En 2002, manquant cruellement d'argent, il a dû vendre sa maison pour emménager dans un petit studio. Ce travail, lui a jusqu'à maintenant coûté près de 300 000 dollars et son mariage.
L'année dernière, il avait déménagé à Tianjin, avant d'être recruté par la Beijing Normal University comme professeur de physique.
«Pour moi, en tant qu'étranger, ces symboles signifient un exotisme et un héritage culturel différent et d'une extrême richesse, allant bien au-delà des limites de la nationalité».