Un tribunal de la ville de Kyoto, dans l'ouest du Japon, a jugé lundi qu'une série de rassemblements faisant de la propagande contre les ressortissants coréens organisés dans l'espace public près d'une école étrangère par des groupes nationalistes était à la fois "raciste" et "illégale", a rapporté la presse locale.
Le tribunal a ordonné aux groupes nationalistes de payer 12 millions de yens (environ 123.000 dollars américains) d'indemnisation à l'école gérée par des ressortissants de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a annoncé la chaîne de télévision publique japonaise Nippon Hoso Kyokai (NHK).
Son reportage indique que les extrémistes, parmi lesquels un groupe nationaliste émergent qui a pour objectif d'abolir les privilèges accordés aux résidents au Japon détenteurs de passeports de la Corée du Sud ou de la RPDC et autres résidents bénéficiant du statut de "Résident étranger spécial", ont organisé une série de marches de protestation entre 2009 et 2010.
Pendant ces rassemblements, ils ont employé des mégaphones et prononcé des propos menaçants près d'une école coréenne située dans le sud de Kyoto.
Le tribunal a déclaré que leurs discours et autres activités menées contre les résidents étrangers constituent un comportement qui viole indiscutablement la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et ont donc un caractère illégal.
Le juge, qui a ordonné le versement rapide des indemnisations aux victimes, a également interdit aux groupes extrémistes d'organiser de nouvelles actions de protestation à proximité de l'école, rejetant ainsi l'argument selon lequel les groupes ne faisaient qu'exercer leur liberté d'expression inscrite dans la Constitution.
Le reportage de NHK cite des avocats qui ont qualifié le jugement prononcé lundi de la première affaire dans l'histoire juridique japonaise à reconnaître les "propos haineux" en tant que crime.