Dernière mise à jour à 11h12 le 03/11
Lu : Le titre du séminaire s'intitule « de la naissance de la sinologie à l'ère de la mondialisation ». Ce sera le premier séminaire en lien avec la culture chinoise. Avez-vous des attentes spécifiques par rapport à cette création au sein de l'une des plus anciennes universités d'Europe ?
Franco : Le titre montre bien la tension entre la prise en compte d'une singularité culturelle, qui est la marque de l'ouverture, et l'effacement de toute singularité, avec le risque que cela représente pour la culture en général. Mais le point de départ chronologique de notre étude sera le début d'une connaissance de la Chine par l'occident. Et en cela, notre projet s'inscrit dans cette filiation.
Lu : vous co-dirigez une collection de publications scientifiques chez Classiques Garnier sur la littérature comparée. Et vous êtes professeur de littérature comparée et vous travaillez surtout sur l'époque romantique. Pourriez-vous nous expliquer le lien entre cette période et celle qui a vu naître l'université ?
Franco : L'époque romantique a reformulé certaines valeurs du Moyen-Age comme l'amour courtois ou la chevalerie pour élaborer ou construire une image de l'Europe.
Lu : Vous avez inauguré l'ensemble du projet le 18 juin à l'Université Tsinghua avec une conférence intitulée « Science et littérature : aspects du roman du XIXe siècle ». Vous avez souligné l'influence de la science sur la littérature, et le rôle critique que la littérature pouvait avoir à l'égard de la science. Monsieur Xavier Darcos, dans un de ses livres portant sur le système éducatif français, souligne l'emprise disproportionnée des sciences dans les études secondaires de notre société. Dans ce déséquilibre, comment percevez-vous la fonction et l'importance de la littérature ? Y a-t-il, à vos yeux, une fonction spécifique de la littérature ?
Franco : Certes, la littérature a un rôle spécifique et de première importance qui est au moins aussi important que la science. Elle a une fonction proprement humaniste, voire humanitaire... Dans le monde bouleversé que nous connaissons, nous lisons aujourd'hui les écrits d'écrivains sous forme de témoignages historiques, de témoins critiques, ou des textes mettant en perspective la condition humaine. Tout cela montre que la littérature a sa propre mission à accomplir, en tant que discours critique.
Lu : Très prochainement, nous organisons un Dialogue à l'Université Tsinghua à Beijing, pour inaugurer l'ouverture des séminaires et le colloque qui aura lieu au mois de mai à Paris avec la participation de l'Institut de France. Pourriez-vous exprimer vos attentes sur ce très prochain et très attendu événement ?
Franco : Ce sera un excellent point de départ, et cela permettra de tisser les liens non seulement avec les collègues de Tsinghua, mais aussi avec ceux des autres universités chinoises qui ont rejoint le projet de Monsieur Wang. Cette rencontre permettra aussi de donner forme aux projets qui suivront.
Lu : Nous sommes très honorés par l'attention que différentes institutions portent à notre projet : pour le colloque qui aura lieu en printemps 2015, nous avons déjà obtenu l'accord et les subventions de l'Institut de France. A votre avis, comment donner une ampleur, un prestige plus élevé encore à notre projet ? Est-ce que ce projet restera « universitaire » ou bien aura-t-il la possibilité de s'enrichir et de prendre plus d'importance et une autre forme de prestige, par exemple le diplôme interdisciplinaire – le master en humanités ?
Franco : L'essentiel est, à travers cette rencontre du mois de décembre, de créer un lien et de manifester la volonté d'un projet scientifique commun. Les formes qu'il pourra prendre pourront être abordées plus tard.