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Les Chinois sont-ils libres de pratiquer une religion ?

La Chine au présent | 16.11.2015 15h58

Odile Latournet, agent de banque en France, a posé la question : « Je lis souvent dans des magazines français des reportages sur le problème religieux en Chine, où l'on dit qu'il n'y a pas de liberté de culte. » Elle voudrait savoir s'il existe vraiment un problème religieux en Chine, si les Chinois sont libres de pratiquer une religion.

La Chine au présent a fait le point sur la situation des religions en Chine dans plus de 700 articles publiés ces dernières années. Dans la version arabe de notre revue, une rubrique permanente est dédiée aux musulmans chinois, laquelle présente la vie, la culture et des anecdotes de famille de cette population. Je voudrais souligner qu'en 2007, soit l'année qui marquait le 200e anniversaire de l'arrivée en Chine du missionnaire écossais Robert Morrison, La Chine au présent a publié dans sa version anglaise une série d'articles sur le développement du christianisme en Chine, mais aussi sur le travail et la vie de quelques pasteurs chinois, présentant un institut de théologie chinois et l'expérience spirituelle de quelques étrangers en Chine.

Avant d'écrire cet article en réponse à notre lectrice, j'ai interviewé la cousine de ma femme. Je sais qu'elle est croyante depuis sa jeunesse. Aujourd'hui, elle travaille pour une société à Shanghai. J'ai appris qu'elle se réclame du christianisme et qu'elle va régulièrement à la messe. Son patron est lui aussi croyant pratiquant. Dans leur entourage, d'autres personnes pratiquent d'autres religions. Selon elle, l'entreprise ne se soucie pas de leur croyance, c'est-à-dire que les employés religieux ne subissent au quotidien ni discrimination ni même nuances de traitement de ce fait.

Pour autant que je sache, il y a parmi les employés chinois de notre revue des personnes qui pratiquent la religion catholique, d'autres adeptes du bouddhisme, ou d'autres encore qui se réclament du taoïsme. La majorité des personnes sont comme moi athées. Parmi nos employés étrangers qui viennent d'Europe, des États-Unis, d'Amérique latine ou du Moyen-Orient, la proportion de croyants pratiquants doit représenter très approximativement 50 %. Nos employés chinois et étrangers, croyants ou non, travaillent ensemble sans problème.

Les religions et pratiques spirituelles les plus répandues aujourd'hui en Chine sont le bouddhisme, le taoïsme, l'islam, le christianisme et quelques autres croyances populaires. Selon Ye Xiaowen, ancien chef de l'Administration d'État des affaires religieuses, les croyants représentent un pourcentage relativement faible en Chine, mais leur nombre dépasse les cent millions de personnes, un chiffre qui est loin d'être négligeable. À l'en croire, au cours de sa longue histoire, la Chine a presque toujours été tolérante à l'égard des religions et on peine à trouver des exemples de guerres ou de conflits majeurs ayant pour origine la religion dans notre histoire. Le pays n'a jamais eu de religion d'État ; les différentes religions ont toujours coexisté sur un pied d'égalité.

On peut constater cette harmonie des croyances aujourd'hui dans la région autonome du Tibet, un endroit qui attire une attention soutenue de la part du monde entier. Selon un livre blanc publié en septembre, le Tibet compte 1 787 lieux de culte, qui abritent un total de 46 000 moines et nonnes, parmi lesquels 358 tulkous (bouddhas vivants). Les fêtes religieuses s'y tiennent normalement, et une quarantaine d'événements religieux traditionnels y sont fidèlement tenus depuis des siècles. Tous les croyants ou presque possèdent chez eux un tabernacle ou un autel bouddhiste. Chaque année, un million environ de fidèles se rendent en pèlerinage à Lhassa. On y trouve d'ailleurs quatre mosquées et une église. Les autres religions bénéficient elles aussi de la protection de l'État et de la loi, du moment que leurs activités spirituelles se tiennent dans le cadre juridique en vigueur.

Le Rapport d'étude des religions en Chine 2015 publié en juillet par l'université Renmin expose l'état actuel des cinq principales religions que compte le pays. D'après ce rapport, 90 % des lieux de culte chinois ont établi un système de gestion moderne autour d'un comité d'administration démocratique ; plus de 30 % des lieux de culte comptent des religieux qui participent aux affaires politiques au sein d'établissements d'État, comme les organes législatifs ; 60 % des chefs de lieux de culte considèrent que la politique religieuse chinoise est adaptée ; plus de 40 % des lieux de culte organisent par ailleurs des activités d'intérêt public. D'après ce rapport, le christianisme s'adapte bien à l'environnement social chinois actuel, puisque ces cinq dernières années, le nombre de lieux de culte chrétiens s'est accru de 12 %. Le bouddhisme est la religion la plus répandue en Chine. C'est elle aussi qui est la plus connectée, puisqu'elle utilise volontiers l'Internet dans la transmission des préceptes. C'est la religion qui contribue le plus à l'intérêt public : chaque temple bouddhique fait annuellement un don de 41 000 yuans, soit plus du double de la moyenne des contributions annuelles des établissements religieux chinois qui est de 18 000 yuans. Le taoïsme, qui est la religion la plus ancienne en Chine, s'est internationalisé quelque peu, puisque 11 % des temples taoïstes ont procédé à des échanges internationaux, se plaçant en tête des cinq grandes religions du pays. L'islam est la religion la plus organisée, puisque 95 % des mosquées possèdent des règlements propres.

(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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