Dernière mise à jour à 08h41 le 24/06
1/4Photo prise dans la rue Dashilar (Gérald CIOLKOWSKI)
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Quand on arrive à Beijing, que l'on soit touriste ou expatrié, on a qu'une seule envie : aller se promener dans un hutong. On a souvent entendu parlé de ces quartiers, mais on ignore réellement à quoi ils ressemblent. Et le détour par ces ruelles parsemées de petites maisons, ou de "siheyuan", des habitations plus grandes avec des cours carrées, vaut vraiment le coup d'oeil.
Le hutong de Dashilar, l'un des plus anciens de Beijing, est accessible par Qianmen Dajie, une grande avenue où le week-end, les touristes se pressent pour faire du shopping sur ces "Champs-Elysées" pékinois. Ce hutong a la particularité d'avoir conservé un grand nombre de ses maisons d'origine.
Ce n'est pas le cas de la rue Dashilar, une perpendiculaire qui mène à ce fameux hutong. Cette rue commerçante ne possède plus guère d'immeubles d'époque. Cependant, elle renferme des trésors nationaux, comme la pharmacie Tongrentang, fondée en 1669, ou le cinéma Daguanlou, la première salle obscure de la ville.
La pharmacie Tongrentang vaut vraiment le déplacement. Construite sur trois niveaux, y trouve plus de 3000 références de médicaments ou d'herbes médicinales. L'année dernière, on pouvait même assister à l'Opéra de Pékin, à une oeuvre chantée et dansée retraçant l'histoire de ce commerce, qui a connu bien des péripéties. Le cinéma Daguanlou, où l'on regarde encore des films dans des fauteuils en bois (dos fragiles s'abstenir), a le charme d'antan. Une exposition permanente sur l'histoire du cinéma en Chine nous replonge dans les années où l'on ne parlait pas encore "box office" ou "3D". Les vieux projecteurs rouillés, souvent importés d'Union soviétique, et les photos des anciens comédiens chinois, sont exposés dans le hall d'entrée. Un salon de thé invite à profiter de la sérénité du lieu. Pour une trentaine de yuans, on vous servira une théière de fleurs de chrysanthèmes, à partager entre amis en refaisant le monde, loin de la cacophonie de la rue.
Le hutong Yangmeizhu : l'authentique
Au bout de la rue Dashilar, prenez à droite, et engouffrez vous dans la première rue à gauche, face au panneau indiquant "Yangmeizhu xiejie". Dans ce hutong, situé entre Taner hutong et Dashilar Xijie, on peut vraiment sentir que les habitants du quartier vivent ici depuis longtemps et que les lieux n'ont pas beaucoup changé. De petits jardinets fleuris, nombreux devant les maisons de la rue principale, donnent beaucoup de charme à ce hutong. Ici, les résidents prennent soin de leur quartier, et ça se voit. Dans Yangmeizhu, on trouve encore un ancien boulanger qui fait du pain avec la porte de sa boutique grande ouverte et qui entrepose dehors, dans des cageots, les galettes encore chaudes. Plus loin, un libraire a ouvert une boutique, en face d'un coiffeur. Sur la droite en descendant, une salle de majhong attire toujours de nombreux joueurs. Bien plus bas dans la rue, deux bouchers vendent leurs pièces de viande suspendues à des crochets dans des échoppes ouvertes à tous les vents. Dans la même zone, trois antiquaires proposent aux badauds des morceaux de céramique ancienne, de vieilles affiches, des statuettes, ou des albums de Tintin en chinois. La définition du mot "chiner" prend alors tout son sens dans ces petits cabinets de curiosité où sont amassés sur des étagères des centaines d'objets, comme dans un "inventaire à la Prévert". Loin de la foule de Qianmen Dajie et de la rue Dashilar, le Yangmeizhu est un hutong où d'anciens métiers ont subsisté. A côté de ces boutiques, de nouveaux commerces se sont installés et se fondent parfaitement dans le décor : un restaurant japonais (SUZUKI), un coffee shop (SOLOIST), une galerie d'objets de design (UBI gallery), un atelier de couture, ou des bureaux de graphistes ou de designers etc..
Le design, pour booster le quartier
La municipalité de Beijing, dans le cadre d'un plan urbain de conservation, a décidé de sauvegarder ce hutong par le biais du design et de l'art (ce plan urbain concerne en tout 25 zones de la ville).
Ainsi, depuis 2011, on peut assister dans ce hutong, en septembre, à la "Beijing Design week" lors de laquelle de nombreux événements sont organisés : expositions, ateliers éphémères, installations artistiques, marché gastronomique... C'est aussi la même année que le "Dashilar project" fut créé avec pour but de protéger et revitaliser ce hutong, en s'intéressant à ses aspects culturels, sociaux ou architecturaux (www.dashilar.org). Plus bas dans Yangmeizhu, des calligraphes possèdent leur atelier. On est bel et bien dans un quartier d'artistes, et le design était donc tout trouvé pour dynamiser ce hutong, sans le dénaturer et en le préservant.
Un hutong, c'est une bouffée d'air frais, un village dans la ville, qui renferme tout un monde, où l'on peut trouver un peu de calme et de silence, en se promenant dans des ruelles à taille humaine. Beijing est une ville où marcher seul dans une rue est devenu quasiment impossible, alors se perdre dans un hutong est une nécessité, pour se sentir un peu comme sur une île déserte et se mettre à rêver...
Par Gérald CIOLKOWSKI
À noter : le contenu de ce texte n'engage que son auteur et non Xinhuanet. Si vous avez vécu des expériences intéressantes en Chine ou si vous souhaitez partager vos points de vue originaux sur la culture chinoise et les échanges sino-français, n'hésitez pas à nous envoyer votre article par e-mail à : xinhuanet_french@news.cn. Une rémunération est prévue, une fois l'article publié.