Dernière mise à jour à 10h58 le 03/12
Jin Jufang (première à gauche) lors d'un séminaire sur les oeuvres de Claude Simon |
"La traduction et la publication d'oeuvres étrangères demeure l'une des forces principales dans les échanges culturels sino-français", estime Jin Jufang, l'une des lauréates du Prix Fu Lei, dans une interview accordée récemment à Xinhua.
"Les échanges culturels sino-français ont un avenir prometteur. Dans ce contexte, la traduction d'oeuvres étrangères nécessite davantage de soutien", dit-elle. "La traduction d'oeuvres littéraires et de sciences sociales exige une connaissance approfondie pour les traducteurs; par conséquent, la plupart de ces livres ont été traduits par les professeurs des universités en Chine. Leur travail mérite d'être apprécié".
Née en 1981 dans la province du Zhejiang (côte est), Mme Jin est devenue professeur de français à l'Ecole normale supérieure de l'Est de la Chine, après avoir décroché un doctorat à l'Université Paris III (Sorbonne nouvelle). Cette année, elle a remporté le Prix Fu Lei dans la catégorie "littérature" pour sa traduction de "L'Acacia" de Claude Simon.
"Les oeuvres de Claude Simon sont souvent liées au mouvement littéraire du Nouveau roman et nous donnent l'impression d'être difficiles à comprendre. Cependant, ses observations et ses réflexions sur l'univers, sur la naissance et la mort, sur la nature et les mondanités m'a touchée au plus profond de mon coeur. D'ailleurs, il est un vrai virtuose de la langue française. La traduction de 'L'Acacia' a été pour moi un défi et une expérience insolite", a-t-elle poursuivi.
Le Prix Fu Lei dans la catégorie "Jeune pousse" a été décerné à Zhou Peiqiong pour sa traduction de "Dans les forêts de Sibérie", de Sylvain Tesson. Ce prix "constitue une plateforme professionnelle et prestigieuse pour les échanges culturels sino-français, c'est aussi un grand encouragement pour nos traducteurs", s'est félicitée Mme Zhou.
"La France attache une grande importance à l'exportation et la transmission de sa culture, tandis que la Chine reste encore un pays importateur dans les échanges culturels franco-chinois. J'espère donc voir plus d'oeuvres chinoises introduites sur le marché français et la culture chinoise rayonner sur la scène internationale", a-t-elle espéré.
Née en 1982, Zhou Peiqiong a été diplômée en 2007 de l'Université des études internationales de Shanghai. Elle est aujourd'hui en doctorat à l'Université Paris VIII (Vincennes à Saint-Denis).
"Le séjour extraordinaire et le style littéraire de Sylvain Tesson en Sibérie m'a beaucoup inspirée", a expliqué Mme Zhou. "Le grand défi auquel j'étais confrontée lors de la traduction résidait dans ma connaissance du chinois. Pour mieux véhiculer les pensées de l'auteur, j'ai été obligée de lire pas mal d'oeuvres littéraires chinoises".
Cette année, une centaine d'invités venus de différentes villes chinoises et de l'étranger se sont rassemblés à Beijing pour rendre hommage au grand traducteur chinois Fu Lei (1908-1966), qui a donné son nom à ce prix, cette année marquant le 50e anniversaire de sa mort.
"Ce prix porte le nom d'un grand écrivain et traducteur chinois, Fu Lei, ce qui traduit le respect de la partie française à l'égard des traducteurs en tant que 'passeurs' entre les deux cultures. Avec la création de ce prix très connu en Chine comme en France, les traducteurs, souvent inconnus du grand public, ont été poussés sur le devant de la scène", a souligné Jin Jufang.
"Il reste à noter que la traduction n'est pas un travail bien rémunéré, ce qui pourrait probablement entraver son développement. Beaucoup d'oeuvres excellentes ne sont pas introduites en Chine à cause du défaut de traducteurs. De plus, les recherches basées sur ces oeuvres sont bien en retard", a-t-elle déploré.
Après le Prix Fu Lei, Jin Jufang projette de s'attaquer de nouveau à la traduction d'oeuvres de théorie littéraire. Quant à Zhou Peiqiong, elle s'investit actuellement dans la traduction de "Bérézina", une autre oeuvre de Sylvain Tesson.