Dernière mise à jour à 15h34 le 16/01
Le prêt d'un chef-d'œuvre de calligraphie du Musée du Palais de Taipei à un musée japonais a suscité l'indignation des internautes chinois. Selon une affiche publiée par le musée, l'oeuvre en question, intitulée « Ji Zhi Wen Gao », une ode funéraire écrite par le maître calligraphe Yan Zhenqing à l'époque de la dynastie Tang (618-907) pour son neveu, sera exposée au Musée national de Tokyo à partir du 16 janvier dans le cadre d'une exposition sur le thème de la calligraphie.
C'est la première fois que l'œuvre d'art prêtée par le Musée du Palais de Taipei à Taiwan est exposée au Japon. Le prêt de cette calligraphie, considérée comme l'un des plus précieux vestiges culturels conservés au Musée du Palais de Taipei, a suscité des débats animés sur les plateformes de réseaux sociaux en Chine.
Un sujet avec le hashtag « Ji Zhi Wen Gao » sur Sina Weibo a été vu 230 millions de fois à la date du 15 janvier après-midi. De nombreux internautes ont critiqué le Musée du Palais de Taipei pour avoir prêté au Japon un trésor aussi précieux et délicat. « Les mots de la calligraphie sont pleins d'une profonde tristesse pour la nation et la famille et sont un symbole de l'intégrité nationale inflexible ... L'art dépasse les frontières, mais où est l'épine dorsale morale de notre nation ? », a déclaré un internaute appelé « Xiarishanlan_Cassiopeia ».
Sun Peiyang, un spécialiste de la culture, a déclaré dans un clip vidéo publié par le Quotidien du Peuple que le « Ji Zhi Wen Gao » avait une grande valeur esthétique pour ses styles de calligraphie variés écrits lorsque le calligraphe était submergé par le chagrin après la mort de son neveu, décédé au combat contre des rebelles, ainsi que de haute valeur en tant que littérature historique qui a immortalisé l'esprit patriotique de la famille Yan en des temps agités pour la nation chinoise.
Il a dit craindre que cette œuvre d'art en papier délicate, vieille de plus de 1 000 ans, ne soit endommagée lors de son exposition à l'étranger, disant « Traditionnellement, les oeuvres en papier passent pour avoir une durée de vie de 1 000 ans. Il existe donc un risque de dommages lors de son exposition et de son transport en raison de changements environnementaux tels que la température ».
Selon un article du Global Times, le Musée national de Tokyo a annoncé que les visiteurs pourraient prendre des photos de la calligraphie sans utiliser de flash, mais a ensuite changé sa déclaration dans un autre entretien, précisant que la photographie serait interdite pour protéger le précieux vestige culturel.
D'après les médias taïwanais, le « Ji Zhi Wen Gao » n'a pas été exposé au public dans l'île depuis 10 ans avant son prêt au musée de Tokyo. Et l'œuvre figure sur une liste de 70 reliques précieuses du Musée du Palais de Taipei, qui sont soumises à des restrictions de présentation strictes en raison de leur vulnérabilité.
D'autres experts ont en revanche exprimé leur soutien à la présentation du « Ji Zhi Wen Gao » à l'étranger, soulignant que c'est un moyen de promouvoir la culture chinoise dans d'autres pays.
C'est notamment le cas de Ling Lizhong, responsable de la calligraphie et de la peinture du Musée de Shanghai, qui a déclaré à paper.cn : « L'échange de reliques culturelles entre musées est normal. L'exposition de calligraphies chinoises anciennes au Musée national de Tokyo témoigne de leur amour et de leur respect pour culture chinoise ».
De son côté, un employé du Musée du Palais de Taipei a déclaré dans le clip vidéo publié par le Quotidien du Peuple que des vestiges culturels du Japon seraient exposées au musée de Taipei à titre d'échange, mais n'a pas révélé les détails de l'exposition.
Le Musée du Palais de Taiwan abrite un grand nombre de trésors nationaux de la Chine, qui ont été transportés depuis le palais impérial de Beijing lors des troubles des années 1930 et 1940.
Des échanges ont eu lieu entre les musées du détroit de Taiwan ces dernières années. En 2011, deux moitiés d'un chef-d'œuvre de la peinture de la dynastie des Yuan (1271-1368), « En résidence dans les monts Fuchun (ou « Fu Chun Shan Ju Tu »), réunis lors d'une exposition au Musée du Palais de Taipei après plus de 359 années de séparation.