Dernière mise à jour à 16h42 le 19/04
Selon un historien de renom de l'université de Cambridge, la restauration de la cathédrale Notre-Dame aura notamment pour défi de trouver le moyen d'intégrer de nouveaux matériaux dans l'ancienne structure existante.
« En ce qui concerne les aménagements intérieurs, le toit et la flèche, ce sera nouveau -alors que la forme et le corps en pierre sont les mêmes- ce sera donc la même Notre-Dame, mais aussi avec de nouveaux matériaux et bâtiments », a déclaré Alan Macfarlane, professeur émérite au King's College de Cambridge.
Alors que la majeure partie du toit de la cathédrale et de sa flèche ont été détruits par l'incendie de lundi soir, la structure principale du bâtiment historique, et notamment les deux clochers, a été sauvée par une équipe de pompiers dans un laps de temps crucial de 15 à 30 minutes, ont précisé les autorités françaises.
Selon M. Macfarlane, il est peu probable que la reconstruction soit « peu convaincante », à l'instar d'autres structures plus anciennes détruites et restaurées dans le monde entier. Il est également peu probable qu'elle soit similaire aux répliques néo-gothiques qui sont par ailleurs « tout à fait acceptables », comme la Chambre des communes britannique ou le King's College de Cambridge.
« Ce sera authentique, car la forme est toujours là. Mais il faudra également du temps pour calmer les choses et pour que les gens acceptent qu'un bâtiment puisse être à la fois ancien et nouveau. Pourtant, Notre-Dame, comme tous les grands bâtiments, est largement vu à travers l'imagination », a-t-il ajouté.
Dans un discours télévisé prononcé le 16 avril soir, le président français Emmanuel Macron s'est engagé à reconstruire la cathédrale avant que Paris accueille les Jeux olympiques d'été de 2024.
« Nous sommes un peuple de bâtisseurs. Nous reconstruirons la cathédrale de Notre-Dame encore plus belle, et je veux que cela soit fait dans les cinq ans », a déclaré Emmanuel Macron. « Je crois vraiment qu'il nous appartient de transformer cette catastrophe en une occasion de nous rassembler. Il nous appartient de trouver le fil conducteur de notre projet national - celui qui nous a façonnés, qui nous unit », a encore dit le président.
Mais de nombreux experts ne sont pas de cet avis et laissent entendre que les travaux de restauration pourraient durer plus de 10 ans.
C'est entre autres le cas d'Eric Fischer, responsable de la fondation chargée de la restauration de la cathédrale de Strasbourg, vieille de 1 000 ans, qui a récemment fait l'objet d'un lifting, et qui a déclaré à l'AFP que la reconstruction de Notre-Dame pourrait prendre « des décennies ».
« Les dégâts seront importants. Mais nous avons la chance en France de disposer d'un réseau d'excellentes entreprises de restauration du patrimoine, qu'il s'agisse d'artisans de petite taille ou de groupes plus importants », a-t-il souligné.
M. Fischer a ajouté que la capacité de reconstruire la colossale cathédrale d'une manière qui respecte sa forme et son caractère d'origine dépendrait des plans, des schémas et des autres matériaux disponibles pour les architectes. Ils auront besoin « d'un maximum de données historiques ou de données plus récentes recueillies avec des technologies modernes telles que les scans 3D », du type utilisé dans la restauration de la cathédrale de Strasbourg, a-t-il affirmé.
Notre-Dame est considérée comme le meilleur exemple de l'architecture gothique française, avec une utilisation innovante des voûtes d'ogives et des contreforts, des rosaces en vitraux et des ornements sculptés. La construction de l'église a commencé en 1160 et s'est poursuivie pendant plus d'un siècle.
De son côté, Audrey Azoulay, directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, a annoncé qu'une évaluation rapide des dégâts serait réalisée dans les meilleurs délais. « L'UNESCO soutient la France dans la sauvegarde et la réhabilitation de ce précieux patrimoine », a-t-elle déclaré. « Nous sommes déjà en contact avec des experts et prêts à envoyer une mission d'urgence chargée d'évaluer les dégâts, de préserver ce qui peut être préservé et de planifier des mesures à court et à moyen terme ».