A Xi'an, un « médecin des vestiges » sauve de précieuses pièces millénaires

Alors qu'il se tenait debout dans une tombe humide et moisie, Yang Wenzong s'est senti dépassé en regardant les peintures murales datant de plus de 1 200 ans. Malgré leur décomposition, les couleurs et les lignes des fresques étaient encore reconnaissables, mais certaines des peintures délicates étaient incomplètes en raison du vol et de la destruction par des pillards de tombes.

M. Yang et son équipe menaient une fouille de sauvetage dans la tombe de 12 mètres de profondeur de Han Xiu, un chancelier célèbre sous la dynastie Tang (618-907). Après les travaux de préparation, il a utilisé un pinceau pour renforcer et réparer délicatement les peintures incomplètes.

Depuis l'obtention de son diplôme de l'Université du Nord-Ouest en 1984, Yang Wenzong, 58 ans, s'est consacré à la protection et à la restauration des vestiges culturels. Pour lui, les reliques culturelles sont comme des patients âgés et c'est comme un médecin qu'il les soigne.

« La restauration des peintures murales d'une tombe commence par leur transfert », a-t-il expliqué. « La plupart de ces peintures, comme des patients âgés, produisent des "symptômes", notamment des fissures et de la moisissure, de sorte qu'un processus de renforcement est nécessaire avant de mener une "opération" ».

La restauration des peintures murales des tombes est un travail minutieux et chronophage. Une simple brise ou une lumière vive peuvent endommager les peintures murales. Certaines fresques de tombes anciennes sont bien conservées, mais les matériaux en ciment utilisés dans les peintures se décomposent après des milliers d'années. « Même une légère respiration peut faire tomber les pigments, car les colorants sont attachés à la surface des peintures murales sous forme de poudre », a-t-il déclaré.

M. Yang et ses collègues ont mené des milliers d'essais et ont progressivement constitué ce qui est maintenant considéré comme un standard du domaine dans la protection et la restauration des fresques de tombes.

La restauration de la tombe de Han Xiu, qui a débuté en 2014, est un exemple des experts en conservation du patrimoine chinois qui tentent de protéger les peintures murales de manière scientifique et systématique.

Il a fallu près de deux ans pour transférer les peintures murales, et leur restauration complète prendra encore plus de temps; certaines sont encore en cours de réparation.

« C'est un métier qui demande beaucoup de patience et d'endurance », a souligné M. Yang, ajoutant qu'un seul mouvement peut devoir être répété des milliers de fois pour enlever la saleté d'une fresque sans endommager la couche de peinture.

Au cours des trois dernières décennies, Yang Wenzong a rénové des milliers de vestiges culturels, notamment d'anciennes peintures murales, des bronzes, des céramiques, de la porcelaine et des objets en or et en argent. Beaucoup d'entre eux sont des pièces prestigieuses. Il a ainsi participé aux travaux sur le char de bronze et le cheval n° 2 mis au jour dans le mausolée de l'empereur Qinshihuang, mondialement connu pour ses guerriers en terre cuite.

M. Yang se promène fréquemment dans la salle d'exposition des peintures murales de la dynastie Tang qui sont exposées au Musée d'histoire du Shaanxi. La salle souterraine abrite près de 100 objets découverts dans les tombes impériales et les tombes des nobles. Il a participé à la restauration de nombre d'entre eux.

« Nous sommes des "médecins des reliques". Lorsque vous réalisez que ce que vous sauvez n'a pas de prix, un sentiment d'accomplissement émerge », a-t-il conclu. « Rien d'autre ne peut remplacer ce sentiment ».