Dernière mise à jour à 13h49 le 14/06
Alors que tous les étudiants de Chine célébraient la fin du très compétitif examen national d'entrée à l'université, le fameux gaokao, le 8 juin après-midi, Zhang Guimei, fondatrice et directrice du premier lycée gratuit pour filles de Chine, a déclaré qu'elle devait « se cacher » dans son bureau.
Mme Zhang a choisi de passer seule l'une des journées les plus émouvantes de l'année et n'a permis à aucun élève de lui faire ses adieux. « J'ai une règle. Une fois qu'ils quittent l'école, ils doivent partir et ne jamais regarder en arrière », avait-elle déclaré dans une interview précédente.
Au total, 150 élèves ont obtenu leur diplôme du lycée pour filles de Huaping dans le comté de Huaping de la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine), cette année. Selon le Yunnan Daily, naguère l'une des régions les plus pauvres du pays, Huaping est sortie de la pauvreté absolue en décembre.
Depuis l'ouverture de l'internat en 2008, 1 804 jeunes filles issues de familles défavorisées ont été admises dans les universités après avoir passé le gaokao. L'examen permet aux étudiantes issues de familles moins favorisées de rivaliser avec leurs homologues urbaines et d'accéder aux meilleures universités, avec la possibilité d'avoir un bon travail à l'avenir.
Zhang Guimei (à droite) s'adresse aux élèves du lycée pour filles Huaping à Lijiang, dans la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine), en septembre 2020. (Chen Xinbo / Xinhua)
À partir du 7 juin, un nombre record de 10,78 millions d'étudiants à travers le pays ont passé le gaokao de cette année.
Tôt lundi matin, Mme Zhang a escorté les nouveaux diplômés alors qu'ils se rendaient à l'examen dans une autre école. C'est la 11e promotion qu'elle a envoyée à l'examen. Et à chaque fois, c'est une expérience douce-amère pour elle.
Luttant contre la douleur d'une douzaine de maladies, dont un emphysème et des tumeurs bénignes dans son crâne, elle s'est jointe aux plus jeunes élèves de l'école des filles pour chanter des chansons pour aider les diplômées à se détendre.
Mme Zhang, qui est née dans la province du Heilongjiang (nord-est de la Chine), avait 17 ans lorsqu'elle a déménagé dans le Yunnan en 1974. Un an après la mort de son mari en 1996, elle s'est portée volontaire pour enseigner dans un collège de Huaping. Mais des élèves de sa classe ont disparu avant la fin de leurs études, car certaines ont été contraintes de travailler ou de se marier à un jeune âge.
« Une fille peut influencer les trois prochaines générations », a-t-elle dit un jour. « Une mère instruite et responsable ne laissera jamais ses enfants abandonner l'école ».
Les étudiants inscrits à Huaping suivent un horaire strict, lever à 5h30 et coucher après minuit. Même leur pause déjeuner est limitée à 15 minutes.
Pour sa part, Mme Zhang adopte la même routine quotidienne que les étudiants, les accompagnant aux cours et se couchant après que les étudiants plus âgés ont terminé leurs études à minuit.
Selon un reportage vidéo de l'agence de presse Xinhua, l'une des étudiantes, Mi, a déclaré qu'après avoir mal réussi un examen d'essai, Mme Zhang lui a montré ses doigts, qui étaient liés avec du ruban adhésif médical. « Je dois mettre du ruban adhésif médical tous les jours, car mes doigts me font très mal chaque matin quand je me réveille », a-t-elle confié à l'étudiante, soulignant que des sacrifices étaient nécessaires pour réussir. Li Li, une autre diplômée interrogée, a déclaré que Mme Zhang était un modèle pour elle. « Comme vous, je contribuerai également aux personnes autour de moi et à la société. Merci, Mme Zhang », a-t-elle dit.