Plusieurs sociétés chinoises du secteur nucléaire envisagent activement leur entrée en bourse dans le but de faire avancer leurs projets, au moment où le pays vient de lever son interdiction portant sur les nouveaux projets de centrales nucléaires après une suspension d'un an et demi.
L'entreprise publique State Nuclear Power Technology Corp se prépare à son introduction en bourse et a mis en place une équipe pour mettre le projet en œuvre, a annoncé son porte-parole Zuo Xinci.
De son côté, la China Nuclear Engineering Corp a réussi le test environnemental du ministère de la Protection de l'environnement (MPE) le 1er novembre, ce qui lui permettrait de s'inscrire au marché des actions A. La société prévoit de lever 1,8 milliard de yuans (221 millions d'euros) à la Bourse de Shanghai pour six projets, selon les informations publiées sur le site du ministère.
En juin, la China Nuclear Power Co a également réussi cet examen indispensable pour l'inscription. Sun Qin, président de la China National Nuclear Corp, la société mère de l'entreprise, a déclaré le 14 novembre qu'il envisageait une introduction sur le marché A, sous réserve de l'approbation de la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières.
M. Sun a révélé que d'autres entreprises nucléaires, comme China Guangdong Nuclear Power Group, projettent également d'entrer en bourse.
Ces annonces surviennent actuellement car davantage de projets nucléaires ont reçu l'autorisation du MPE en novembre.
Le gouvernement central a publié un plan de sûreté nucléaire le 24 octobre, ce qui a été vu comme un signal de la reprise du développement nucléaire en Chine.
Vendredi dernier, deux projets ont obtenu l'autorisation environnementale : un projet de lutte contre les inondations à la centrale nucléaire de Qinshan, ainsi que les réacteurs n° 3 et n° 4 de la centrale nucléaire de Tianwan.
Cela marque un redémarrage des autorisations environnementales pour les nouveaux projets nucléaires, après une suspension de plus d'un an, a estimé Gao Shixian, chercheur à l'Institut de recherche énergétique relevant de la Commission pour le développement et la réforme. Les approbations de nouveaux projets nucléaires en Chine avaient été suspendues en mars 2011, après la catastrophe nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi au Japon.
Les projets récemment approuvés ne sont pas de nouvelles propositions ; ils avaient été soumis à une autorisation environnementale, puis abandonnés au moment du moratoire, a déclaré Lin Boqiang, directeur du Centre de recherche en économie d'énergie de Chine à l'Université de Xiamen.
Le rythme d'approbation de nouveaux projets nucléaires sera désormais beaucoup plus lent, avec un nombre limité de projets approuvés chaque année, parce que le pays a considérablement relevé ses normes, a précisé M. Lin.
Selon le plan de sûreté nucléaire, les nouveaux projets nucléaires doivent être construits conformément aux exigences de sécurité les plus élevées du monde et utiliser des réacteurs de troisième génération, alors que la plupart des réacteurs actuellement en exploitation en Chine sont de génération II plus, a-t-il observé.
« Les performances des entreprises dans l'industrie nucléaire seront bien pires que par le passé, en raison du ralentissement des nouveaux projets dans le secteur. Ce n'est pas une bonne année pour les entreprises nucléaires qui souhaitent entrer en bourse, a estimé Lin, en notant toutefois que l'énergie nucléaire a un grand potentiel.
La Chine ne dispose que de 15 unités de production nucléaire, d'une capacité installée totale de 12,54 millions de kilowatts, selon le Livre blanc de la politique énergétique en 2012 publié par le Bureau d'information du Conseil d'État le 24 octobre.
Cependant, l'énergie nucléaire représente seulement 1 % de la production annuelle d'électricité en Chine, bien en deçà de la moyenne mondiale de 14 %, relève le document, en fixant un objectif de puissance installée de 40 millions de kilowatts d'ici 2015.