Le 18 février, l'Alliance pour une énergie solaire abordable (AFASE) a souligné à l'UE que les enquêtes anti-dumping et anti-subvention sur les importations de panneaux solaires chinois allaient infliger de lourdes pertes au secteur photovoltaïque européen et que cela mettrait en évidence les conflits au sein des entreprises européennes du secteur photovoltaïque concernant les enquêtes susmentionnées.
Dans sa requête adressée auprès de la Commission européenne, l'AFASE déclare que la perception punitive des droits de douane par l'UE sur les produits photovoltaïques chinois compromettrait grandement les entreprises du secteur photovoltaïque dans l'UE, notamment au niveau des emplois, de la valeur ajoutée du secteur, de l'exportation des matières rares et des équipements photovoltaïques, des secteurs des travaux et des services dans la chaîne industrielle.
La position de l'AFASE s'oppose à celle d'EU ProSun, un autre groupement majeur d'entreprises européennes du secteur solaire. Une plainte déposée par EU ProSun était à l'origine de l'enquête anti-dumping sur les produits solaires en provenance de la Chine lancée par l'UE au début du mois de septembre 2012. SolarWorld, une entreprise allemande spécialisée dans les produits photovoltaïques membre d'EU ProSun, est au cœur de l'enquête anti-dumping contre la Chine.
La Commission européenne a tenu le même jour une première audition à huis clos des entreprises européennes du secteur photovoltaïque pour écouter la requête des parties concernées sur l'anti-dumping des produits solaires chinois. L'AFASE a soumis à la Commission européenne un rapport d'enquête rédigé par Prognos, un organisme de consultation indépendant. Le rapport étudie trois scénarios possibles (droits de douane sur les produits photovoltaïques chinois à 20%, 35% et 60%), qui mènent tous à la même conclusion.
M. Thorsten Preugschas, directeur général de Soventix, entreprise allemande et membre de l'AFASE, a déclaré lors d'une conférence de presse organisée le 19 février que « La compétitivité de nos entreprises du secteur photovoltaïque est au plus bas, nous ne voulons plus subir aucune pression politique. »
Manifestement, l'AFASE va engager une bataille acharnée contre EU ProSun à Bruxelles. En réponse à une question posée par un journaliste, Thorsten Preugschas a qualifié sans détours le résultat d'une enquête de « connerie ».
L'AFASE, association sectorielle composée de plus de 160 entreprises européennes du secteur solaire, emploie plus de 27 000 personnes en UE et s'oppose au protectionnisme commercial.
Aucun arbitrage n'a encore été rendu concernant l'enquête anti-dumping sur les produits chinois du secteur solaire. Les entreprises européennes spécialisées dans les produits photovoltaïques multiplient leurs démarches pour faire pression sur Bruxelles, le centre de décision politique de l'UE.
Selon le rapport d'enquête appuyé par l'AFASE, la perception de droits de douane de 20% sur les produits solaires chinois entraînera une perte de 115 600 emplois en UE pendant la première année de la mise en application des mesures punitives et une perte totale de 175 500 emplois la troisième année. La baisse de la valeur ajoutée est estimée à 4,74 milliards d'euros et à 18 milliards d'euros pour la première et la troisième année. En portant les droits de douane à 60%, l'impact sur les emplois sera encore plus important.
Le rapport montre également que la perception punitive des droits de douane est loin d'être suffisante pour compenser les pertes d'emplois, même si elle créera un certain nombre d'emplois en UE. Si l'on commence à percevoir les droits de douane en 2013, les trois scénarios donneront les résultats suivants : l'absence de nouveaux emplois ; la création de 15 000 nouveaux emplois accompagnée d'une perte de 214 700 emplois ; la création de 41 000 nouveaux emplois accompagnée d'une perte de 234 800 emplois.
Par ailleurs, les entreprises européennes du secteur photovoltaïque perdront la moitié de leurs commandes dans le scénario des droits de douane portés à 35%.
En tant qu'entreprise en aval dans la chaîne de l'industrie solaire, Soventix fait face à des difficultés professionnelles très importantes, au même titre que certains de ses homologues. En conclusion, les droits de douane punitifs seront catastrophiques pour les entreprises travaillant en aval.