Des opportunités existent dans plusieurs secteurs, mais la route à suivre n'est pas facile, disent les analystes.
Avec des actifs investissables de plus en plus importants, des fondamentaux macroéconomiques stables et des politiques favorisant les investissements en dehors de la Chine, le pays est devenu une source d'investisseurs très appréciée, qu'ils se concentrent sur les investissements directs ou les produits financiers dans les pays européens.
Bien que les investissements chinois en Europe en soient encore à leurs balbutiements, ils vont certainement augmenter, selon Davide Cucino, président de la Chambre de Commerce de l'Union Européenne en Chine.
« Lors des années qui viennent, la demande en produits européens, en technologies et en marques va continuer à augmenter », a déclaré M. Cucino.
En 2020, la Chine sera le premier ou le deuxième plus grand marché de consommation au monde. Un fort mouvement pour devenir une économie innovante et respectueuse de l'environnement va obliger la Chine à continuer à attirer et à renforcer les transferts de technologies ou à carrément acheter des technologies étrangères, a-t-il dit.
Un nombre croissant de pays européens se sont préparés, quand ils n'ont pas commencé, à courtiser les investisseurs chinois pour conclure un plus grand volume de transactions, d'après les personnes qui surveillent ces développements.
Des marchés émergents
La croissance des actifs moyens sous gestion est plus élevée sur les marchés asiatiques, notamment la Chine continentale, l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande, que sur les marchés matures tels que Singapour, Hong Kong, Taiwan et la Corée du Sud, selon une étude récente publiée par Fitch Ratings.
Selon le rapport, les marchés émergents d'Asie possèdent une classe moyenne importante et en croissance avec une faible pénétration des produits sous gestion, à 5% du total des actifs financiers en moyenne contre 15% dans les pays occidentaux.
Malgré le fait que la Chine ait souffert d'un marché boursier atone pendant cinq ans et d'un marché de la dette sous-développé jusqu'à une date récente, les analystes estiment qu'une stabilisation ou une hausse des marchés boursiers et les récentes initiatives réglementaires destinées à favoriser l'expansion des marchés de capitaux chinois permettra de combler cet écart lors des prochaines années.
« L'Asie de l'Est représente une opportunité de croissance pour les gestionnaires d'actifs internationaux, mais la répartition dans la région n'est pas simple », a déclaré Aymeric Poizot, Directeur général de la division Fund and Asset Manager Rating chez Fitch.
« La gestion de fortune transfrontalière et les segments institutionnels sont très compétitifs tandis que, dans le détail, les grandes banques de consommation dominent la distribution dans la plupart des pays, ce qui rend les accords de distribution essentiels », a déclaré M. Poizot.
Historiquement, les fonds étrangers se sont répartis à Singapour, à Hong Kong, en Corée du Sud et à Taiwan, notamment par le biais de banques privées, de gestionnaires de patrimoine ou de conseillers financiers. En tant que pôles, Hong Kong et Singapour comptent pour 2 000 milliards de Dollars d'actifs de fonds off-shore sous gestion, principalement composés de fonds d'OPCVM européens, dont le nombre a augmenté pour atteindre près de 6 000 fonds en 2012.
La Chine et la Corée du Sud dominent le marché intérieur onshore de 1 000 milliards de Dollars en Asie de l'Est, mais l'Asie émergente représente déjà 15 pour cent des actifs onshore de la région sous gestion et continue à se développer rapidement.
« Les fonds nationaux représentent un biais en faveur des produits de base à revenus fixes, et les flux de 2012 ont continué à privilégier les fonds obligataires et le marché monétaire. Les fonds multi-actifs et les fonds internationalement exposés sont susceptibles d'attirer des flux croissants dans les prochaines années en Asie comme dans d'autres régions, car ils offrent une plus grande diversification », a déclaré M. Poizot.
Des options de placement
Certains pays européens offrent davantage d'options pour les gestionnaires de fonds que par le passé.
« Au Luxembourg, nous avons des choix différents pour répondre à la demande des investisseurs chinois », a déclaré Stéphane Karolczuk, chef du bureau de Hong Kong de Arendt & Medernach, le plus grand cabinet d'avocats indépendant du Luxembourg.
En plus des OPCVM, la directive AIFM (Alternative Investment Funds Managers) peut permettre aux gestionnaires de fonds d'envisager d'autres options telles que le Fonds d'Investissement Spécialisé, l'Organisme de Placement Collectif et la Société d'Investissement en Capital-risque, qui offrent de la flexibilité aux investisseurs, a déclaré M. Karolczuk.
Dans le même temps, les gestionnaires chinois sont à la recherche d'opportunités de développement en dehors de leur pays d'origine. Leur stratégie à long terme est de développer des réseaux de distribution à l'étranger.
Pour être un acteur global, les gestionnaires ont besoin de voir leurs biens exposés largement sur le marché mondial et de proposer des produits susceptibles d'être largement acceptés, a déclaré Nocals Papvoine, avocat au cabinet d'avocats Allen et Overy, au Royaume-Uni.
Les investisseurs chinois ont besoin d'être exposés à des véhicules d'investissement plus structurés, estime pour sa part Thierry Lohest, un avocat au cabinet d'avocats Loyens & Loeff aux Pays-Bas.
Toute personne qui lit un journal chinois sera surprise par le grand nombre d'annonces immobilières, mais les gens sont cependant plus enclins à économiser de l'argent sur leurs comptes bancaires.
« Nous devons convaincre les gens qu'il y a d'autres façon d'investir, qui peuvent apporter des rendements plus élevés, mais ce n'est pas facile au stade actuel », a déclaré M. Lohest.