Si l'accès à l'école continue de s'étendre à travers le monde, les divisions socio-économiques se creusent entre les adultes diplômés de l'enseignement supérieur et le reste de la société, révèle un nouveau rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publié ce mardi, invitant les gouvernements à redoubler d'efforts pour veiller à ce que tous les citoyens aient les mêmes chances de suivre dès le plus jeune âge une instruction de qualité.
L'édition 2014 de Regards sur l'éducation, qui analyse les systèmes éducatifs des 34 pays membres de l'OCDE ainsi que ceux de l'Afrique du Sud, de l'Arabie saoudite, de l'Argentine, du Brésil, de la Chine, de la Colombie, de l'Inde, de l'Indonésie, de la Lettonie et de la Russie, montre que la mobilité intergénérationnelle en matière de formation a commencé à ralentir dans les pays industrialisés, précisant que le pourcentage de personnes moins diplômées que leurs parents est en effet de 9% chez les 55 - 64 ans, de 12% chez les 35 - 44 ans et de 16% chez les 25 - 34 ans.
Selon le rapport, chez les 25 - 34 ans, qui sont 43% à être diplômés de l'enseignement supérieur, l'impact du niveau de formation des parents est aussi important : ils sont 65 % à être diplômés de l'enseignement supérieur si l'un de leurs deux parents au moins est diplômé de ce niveau d'enseignement, mais 23% seulement à l'être si leurs parents sont peu instruits. Ces données laissent supposer que l'essor de l'instruction ne débouche pas sur une société plus inclusive.
"L'éducation peut permettre de sortir de la pauvreté et de l'exclusion sociale, mais pour cela, nous devons briser le lien entre les origines sociales et la possibilité d'étudier. Le plus grand danger pour la croissance inclusive est que la mobilité sociale soit stoppée. Il est essentiel d'élargir l'accès à l'éducation pour tous et de continuer à améliorer les compétences afin d'obtenir une prospérité durable et une plus grande cohésion sociale", a souligné Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, dans un communiqué de presse.
En outre, le rapport fait remarquer également que des niveaux de formation et de compétences supérieurs sont plus utiles que jamais, que ce soit sur le plan de l'emploi et des revenus comme sur de nombreux aspects d'ordre social tels que la santé.
Selon les dernières études de l'OCDE, en moyenne dans les pays de l'OCDE, 5% des 25 - 64 ans diplômés de l'enseignement supérieur sont au chômage, contre 14% de ceux qui n'ont pas atteint le deuxième cycle du secondaire. Mais, l'écart entre ces deux groupes était inférieur de quatre points de pourcentage en 2000.
Les données nouvelles sur les revenus dans le rapport mettent également en évidence un écart de plus en plus grand entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas de diplômes : entre 2000 et 2012, l'écart de revenu relatif entre les adultes moyennement et hautement qualifiés s'est creusé deux fois plus vite que celui qui sépare les adultes moyennement et faiblement qualifiés. Cela signifie qu'en termes relatifs, les revenus des adultes moyennement qualifiés se sont rapprochés de ceux des adultes peu qualifiés, ce qui conduit à penser que les classes moyennes cèdent du terrain.