Ayant longtemps négligé le marché chinois, la société au losange avait pour ainsi dire raté le coche ; il suffit pour le constater de circuler sur les routes chinoises, où les véhicules de Renault sont rares. Mais cette fois, le constructeur automobile français semble bien décidé à s'installer en Chine, même s'il sera le dernier à le faire. « Les premiers prototypes sont sortis de l'usine en octobre dernier. L'usine devrait recevoir les validations qualité cette semaine », a expliqué Jacques Daniel, le patron du projet Chine du constructeur hexagonal, dans le cadre du salon de l'automobile de Shanghai qui a ouvert ses portes aux professionnels lundi.
Ainsi qu'il l'a précisé, « Nous avons reçu les autorisations du gouvernement chinois en décembre 2013 et signé l'accord pour créer la co-entreprise », dont le premier coup de pelle du site industriel a été donné le 9 janvier 2014, à Wuhan, dans le centre du pays –une ville que les constructeurs français connaissent bien, car c'est là que sont aussi installés PSA Peugeot Citroën et l'allié de Renault, les Japonais de Nissan. Rien d'étonnant à cela, car ces constructeurs sont associés au groupe public chinois Dongfeng, justement originaire de cette ville. D'après Jacques Daniel, la fabrication en série « démarrera début 2016 », et ce sera le tout nouveau SUV compact Kadjar qui sera le premier véhicule produit en série dès janvier 2016, et qui sera suivi par un deuxième SUV, plus gros, qui sera assemblé aussi fin 2016.
Pour cela, Renault va profiter de l'expérience de Nissan, bien implanté en Chine. Renault fabriquera d'ailleurs les mêmes moteurs et des véhicules sur des plates-formes identiques et utilisera les mêmes fournisseurs, qui sont tous sur place. De même, le responsable de l'industrialisation est un japonais de chez Nissan. « C'est lui qui a fait les usines de Nissan en Chine », a souligné Jacques Daniel. Renault vise, dès le départ, un « taux d'intégration locale très élevé de 85% ».
Début 2016, l'usine, un projet d'une valeur d'un peu moins d'1 milliard d'Euros, comptera plus de 2 000 employés. L'autorisation accordée par les autorités chinoises vaut pour des capacités de 150 000 unités qui, selon M. Daniel, seront saturées avec les deux SUV. « Mais notre intention est d'aller beaucoup plus loin », a-t-il confié. Car l'ambition du constructeur français est de faire de la Chine son premier débouché. Il y aura également des véhicules électriques, mais Renault a en outre l'obligation légale de créer avec Dongfeng une marque locale pour faire des véhicules sur les mêmes bases techniques, comme les autres constructeurs étrangers l'ont fait, sans parler du développement d'un réseau. Pour Renault, l'aventure chinoise a commencé, mais ce ne sera pas un long fleuve tranquille…