En ayant fait défaut sur le prêt du FMI, la Grèce s'est rapprochée de la sortie de la zone Euro. Néanmoins, selon des experts du Ministère chinois des affaires étrangères, la Chine veut voir la Grèce rester dans la zone Euro, et il existe des moyens pour lutter contre la crise de la dette que connait ce pays grâce aux efforts de la communauté internationale.
« Nous espérons que l'UE et la zone Euro pourront résoudre ce problème de manière appropriée et que la Grèce pourra rester dans la zone Euro. C'est conforme aux intérêts de toutes les parties », a déclaré mercredi Hua Chunying, la porte-parole du Ministère des affaires étrangères.
D'après les experts, le défaut de paiement peut conduire à un abaissement de la notation de la dette souveraine de la Grèce et conduire à davantage de défauts de paiement.
« La Chine continuera à jouer un rôle constructif à cet égard ».
L'incapacité de la Grèce à procéder à un remboursement de la dette au Fonds monétaire international, prévu pour mardi, a été le premier défaut enregistré par une économie avancée dans l'histoire de cette institution.
« Les prêts directs de la Chine à la Grèce, en termes d'achats de dette souveraine en vertu de l'accord de prêt bilatéral, sont très limités. Ils ne représentent qu'une petite partie de tous les emprunts grecs », a déclaré He Maochun, Directeur du Centre de recherche en économie et en diplomatie de l'Université Tsinghua. Le gouvernement chinois n'a pas publié d'informations sur ses prêts à la Grèce.
Certains experts disent que le défaut de paiement a entraîné la Grèce sur un terrain dangereux car elle pourrait être contrainte de quitter la zone Euro, une possibilité connue sous le nom de « Grexit », si les Grecs votent « non » au referendum de dimanche sur un plan de sauvetage.
« En tant que détentrice responsable et sur le long terme d'euro-obligations et partenaire commercial majeur de l'UE, la Chine ne souhaite pas voir la Grèce quitter la zone Euro », dit-il. « La Chine va continuer à parler avec les dirigeants de l'UE afin de trouver de meilleures façons de résoudre le problème ».
La Grèce, située sur la côte méditerranéenne, se trouve sur la route des projets de la Ceinture économique de la Nouvelle Route de la Soie et de la Route de la Soie Maritime du 21e siècle proposées par la Chine.
« C'est un pays important, car il relie la Chine avec l'Europe par le biais de routes terrestres et maritimes. Les autoroutes, les chemins de fer, les ports et les infrastructures côtières en Grèce sont les principaux projets de coopération d'investissement entre les pays », a-t-il ajouté.
Chen Xin, directeur du Département des affaires économiques dépendant de l'Institut d'études européennes de l'Académie chinoise des sciences sociales, estime pour sa part que si la crise de la dette grecque continue a s'aggraver, elle risque de faire dérailler la reprise économique mondiale et de porter atteinte à la viabilité à long terme de l'Euro comme monnaie.
« Il est possible que le gouvernement grec adopte un contrôle renforcé des flux de capitaux si le pays sort de la zone Euro, et nos entreprises ne seront alors plus en mesure d'échanger librement des capitaux vers la Chine, ce qui signifierait que leurs projets dans lesquels ils ont investi pourraient faire face à de grosses pertes ».
M. Chen a donc suggéré que les entreprises chinoises réévaluent les risques d'investissement en Grèce.
« Le gouvernement chinois peut soutenir le pays en injectant plus de capitaux dans le fonds de sauvetage du FMI, mais c'est une question politique plus complexe et pleine d'incertitudes », a-t-il ajouté.
Selon le Ministère chinois du commerce, le volume du commerce bilatéral sino-grec s'est monté à 4,53 milliards de Dollars US en 2014, soit une augmentation de 24% d'une année sur l'autre. Les investissements directs de la Chine en Grèce ont atteint environ 1,3 milliard de Dollars US l'année dernière.
« La question de la dette grecque est cruciale pour l'Europe, et ses implications pour la Chine sont également importantes, étant donné que c'est un marché très important pour la Chine », a pour sa part déclaré mercredi à Beijing Ayhan Kose, directeur des perspectives de développement a la Banque Mondiale.
Les prévisions actualisées de la Banque Mondiale pour la croissance du PIB de la zone Euro sont de 1,5% cette année et de 1,8% en 2016, en dépit de la crise grecque.
« Nous sommes très heureux de voir que la reprise de la zone Euro s'accélère, que la politique d'assouplissement quantitatif fonctionne et que le risque de déflation diminue », a ajouté M. Kose.