Dernière mise à jour à 08h46 le 23/11
Le récent article du Premier ministre chinois Li Keqiang sur le programme de son pays en matière de réformes nationales et de coopération internationale démontre le pragmatisme et la détermination de la Chine. Il expose un plan sans précédent qui bénéficiera également à la croissance économique mondiale.
Paru le 2 novembre dans l'hebdomadaire The Economist, cet article intitulé sobrement "Le plan économique de la Chine" détaille les principaux points et la direction dans laquelle les réformes vont, ainsi que les perspectives et les voies à suivre en matière de coopération internationale.
M. Li adresse au monde un message clair : les critères que le gouvernement chinois utilisait jusqu'ici pour évaluer sa performance économique ont changé, passant d'une expansion quantitative à une amélioration de la qualité et un accroissement de l'efficacité.
Son homologue indien Narendra Modi a d'ailleurs profité de leur récente rencontre à Kuala Lumpur pour lui dire qu'il avait été impressionné par cet article, commentant abondamment la philosophie de M. Li en matière de développement économique.
Li Keqiang reconnaît que l'un des produits dérivés de ces réformes structurelles que son gouvernement mène est la moindre pertinence de certains indicateurs de la santé économique tels que la consommation d'énergie, le volume des cargaisons ferroviaires ou encore les nouveaux crédits bancaires.
Les trois indicateurs qu'il mentionne font partie de ce que l'on a appelé "l'indice Keqiang", une expression imaginée par The Economist d'après la méthode utilisée par M. Li pour évaluer l'économie locale lorsqu'il était secrétaire du Parti communiste de la province du Liaoning (nord-est) de 2004 à 2007.
Dans son article, M. Li évoque toujours ces indicateurs, mais en les actualisant. Remarquant qu'il cite comme prioritaires l'emploi, les niveaux de revenu et l'environnement, les analystes ont rebaptisé cet ensemble "le nouvel indice Keqiang", jugé plus conforme à la "nouvelle norme" de croissance de la Chine d'aujourd'hui.
Pour Guo Shengxiang, doyen de l'Académie des financements innovants de l'APEC, un think tank australien, ce "nouvel indice Keqiang" met en exergue l'efficacité économique, démontrant que les politiques sont en phase avec leur époque et peuvent servir de guide.
Avec un secteur des services florissant qui représente la moitié du produit intérieur brut chinois et une consommation contribuant à 60% de la croissance, les vieux indicateurs semblent moins pertinents pour mesurer ladite croissance et ne peuvent donc plus refléter la "nouvelle norme" de l'économie chinoise, estime M. Guo.
Dans un contexte de croissance économique mondiale morose, la Chine a été confrontée au risque d'un important ralentissement économique. Toutefois, elle s'est bien gardé d'ouvrir le robinet des liquidités, ce qui l'aurait ramenée directement dans le vieux schéma de croissance périmé. Elle a au contraire fait le choix du développement durable, privilégiant la demande intérieure et l'innovation.
Ce choix est clairement exposé dans l'article de M. Li, où il écrit notamment: "Ce dont nous avons besoin, ce ne sont pas des solutions temporaires : mon gouvernement a résisté à la tentation d'un assouplissement quantitatif et d'une dévaluation compétitive. Au contraire, nous avons choisi les réformes structurelles".
Outre cette retouche des indicateurs économiques, on assiste aussi à l'accélération du moteur de croissance économique. Soutenue par l'initiative "Internet Plus", une vague d'innovations joue un grand rôle dans la reconstruction de l'économie chinoise, accélérant la croissance de nouvelles industries, améliorant les traditionnelles et créant de nombreuses opportunités commerciales.
A l'évidence, chaque réforme étant inévitablement douloureuse, la croissance à court terme sera sacrifiée, tandis que des inégalités et des écarts se feront jour parmi les entreprises. Tout ceci se reflétera dans les indicateurs économiques. Toutefois, ce n'est pas forcément mauvais sur le long terme, bien au contraire, car ces ajustements structurels ont déjà donné des résultats positifis.
Comme le dit le Premier ministre chinois : "Cette transition de "plus c'est grand, mieux c'est' à "moins, c'est mieux' est une bonne chose".
Cette confiance est nourrie par l'énorme volume produit par l'économie chinoise, la capacité de son gouvernement à gérer la situation, le solide consensus en faveur des réformes au sein de la société, la très grande attractivité du marché chinois, le fort potentiel dans l'intégration des ressources et des facteurs de production tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.
Le plan exposé par Li Keqiang dans l'hebdomadaire économique britannique ne concerne d'ailleurs pas que les 1,3 milliard de Chinois, mais bénéficiera à l'ensemble de la planète, générant une force motrice nouvelle et durable en faveur de la reprise économique mondiale.