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Energies renouvelables : des experts saluent la coopération sino-américaine, mais signalent des problèmes

Xinhua | 30.11.2015 08h27

A l'approche du sommet sur le climat à Paris, des experts américains saluent la coopération sino-américaine sur l'énergie renouvelable en la considérant comme un moyen efficace de promouvoir la croissance économique et de lutter contre le changement climatique. Mais ils pointent cependant du doigt quelques obstacles législatifs et fiscaux.

La coopération sino-américaine rend l'utilisation des technologies renouvelables plus abordable et plus populaire, indique Phil Sharp, président de l'institut de recherche privé Resources for the Future (RFF), basé à Washington.

"Je pense que c'est vraiment important pour les deux pays et pour le monde", estime M. Sharp, qui a été élu à la Chambre des représentants pendant vingt ans et joué un rôle de premier plan dans les législations américaines sur l'énergie et l'environnement.

"Les panneaux solaires sont moins chers grâce à la production chinoise. Nous commençons donc à voir le marché international croître réellement dans ce domaine, ce qui aide à baisser les coûts. Car une fois que vous pouvez fabriquer en série, vous pouvez vraiment contrôler les coûts", explique M. Sharp.

Au cours des cinq dernières années, le coût moyen de l'énergie éolienne et solaire a été divisé de moitié, selon des données du gouvernement américain.

En 2014, le vent est devenu la principale source d'énergie renouvelable aux Etats-Unis, générant 4,4% de l'électricité du pays, conservant sa position de cinquième plus grande source d'électricité aux Etats-Unis.

L'énergie solaire mise en réseau toutes les trois semaines l'an dernier a représenté autant que toute l'année 2008, tandis que l'industrie solaire a créé dix fois plus rapidement d'emploi que tous les autres secteurs de l'économie.

Plus de 70% des Américains croient que leur pays devrait accorder plus d'attention au développement des énergies renouvelables, selon divers sondages.

Celles-ci représentent un grand potentiel dans la lutte contre le changement climatique, bien que leur rôle dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES) soit actuellement limité en raison de leur trop faible présence par rapport aux centrales traditionnelles au charbon qui produisent 25% de toutes les émissions américaines de CO2.

Le CO2 émis par les énergies éolienne et solaire par kilowatt/heure représente respectivement moins de 1,5% et 6% des montants émis par le charbon, selon les données du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

L'Union des scientifiques inquiets (UCS) avait indiqué en 2009 que si l'Amérique venait à fixer à 25% d'ici 2025 son taux d'utilisation d'électricité renouvelable, les émissions de CO2 de ses centrales électriques baisseraient de 277 millions de tonnes par an, soit l'équivalent de la production de 70 nouvelles centrales au charbon (600 MW).

Bien que les Etats-Unis ne disposent pas d'une norme nationale pour l'utilisation de l'électricité renouvelable, la plupart des Etats américains ont mis en place leurs propres normes. Plusieurs d'entre eux déjà dotés d'une solide industrie des énergies renouvelables ont fixé ou fixent des cibles plus ambitieuses. Les législateurs de la Californie ont ainsi approuvé en septembre un projet de loi visant à augmenter la part de l'électricité renouvelable à 50% d'ici 2030.

"Je pense que les énergies renouvelables sont un secteur promis à un avenir brillant", assure Terry Branstad, gouverneur de l'Iowa, un Etat du Midwest qui soutient les énergies renouvelables depuis trois décennies.

"Je pense qu'il est bon que (la Chine et les Etats-Unis) cherchent des moyens de coopérer en matière d'énergie renouvelable", note M. Branstad. "C'est quelque chose qui est bon pour l'environnement, bon pour l'économie et je pense que ça va également renforcer nos relations commerciales", pense-t-il.

En janvier 2014, 28,5% de l'électricité de l'Iowa avait été produite grâce à l'éolien, soit le taux le plus élevé des Etats-Unis. Les autorités de cet Etat agricole, qui dépendait beaucoup des combustibles fossiles importés, élaborent aujourd'hui un plan pour porter l'énergie éolienne à 40% d'ici 2030.

Les énergies renouvelables peuvent devenir un nouveau point de croissance pour les investissements chinois aux Etats-Unis, qui ont connu une croissance rapide ces dernières années, rappelle Melanie Hart, directrice de la politique de la Chine au Centre pour le progrès américain (CAP), un think tank basé à Washington.

Les investissements chinois ne rencontreront que peu d'obstacles parce qu"'en général, le secteur des énergies renouvelables est beaucoup plus ouvert" et que la Chine et les Etats-Unis "ont un partenariat fort en matière d'énergie", selon Mme Hart.

Cependant, il demeure encore quelques problèmes aux Etats-Unis qui peuvent entraver la future coopération sino-américaine sur les énergies renouvelables. Par exemple, le processus opaque d'examen au nom de la sécurité nationale qu'impose le gouvernement américain constitue toujours un frein pour les investisseurs chinois.

En 2012, saisi par la Commission des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), le président américain Barack Obama avait interdit à la société Ralls Corporation, filiale américaine du premier fabricant chinois de machinerie Sany Group, d'acquérir des parcs éoliens dans l'Oregon (ouest) en raison de "risques pour la sécurité nationale".

En 2014, un tribunal américain a statué que M. Obama et la CFIUS n'avaient pas respecté les procédures constitutionnelles en la matière.

"L'examen de sécurité nationale est une préoccupation réelle pour notre entreprise qui souhaite élargir ses affaires aux Etats-Unis", reconnaît Yang Benxin, président du groupe CSIC Haizhuang Windpower Equipement (basé à Chongqing, sud-ouest de la Chine), un important fabricant chinois d'éoliennes qui est entré sur le marché américain en 2012 et aspire à devenir un "fournisseur de masse" sur ce marché précis.

Alors que les démocrates soutiennent généralement les énergies renouvelables, les républicains montrent un amour indéniable pour les combustibles fossiles.

Le Congrès n'a pas réussi à étendre en 2012 le crédit d'impôt pour la production d'énergies renouvelables (PTC), considéré comme crucial pour soutenir le développement de telles énergies propres aux Etats-Unis.

Sans le PTC, l'industrie éolienne américaine a subi une forte chute en 2013 : les installations de nouveaux parcs éoliens ont baissé de 92%, entraînant la perte de 30.000 emplois dans l'ensemble du secteur. Après le Congrès eut rétabli le PTC en 2013, le secteur a prospéré de nouveau en 2014.

Toutefois, cette prolongation a expiré fin 2014 et le Congrès discute encore pour savoir si une nouvelle prorogation devrait être accordée.

Si tel n'est pas le cas, les nouveaux investisseurs dans l'industrie éolienne comme les investisseurs chinois seront placés dans une "situation désavantageuse", car ils ne pourront profiter du crédit d'impôt de dix ans dont jouissent les investisseurs précédents, note Kurtis Sherer, vice-président de la filiale américaine du groupe Haizhuang.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Guangqi CUI)
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