Dernière mise à jour à 14h31 le 08/03
L'agence internationale de notation de crédit Moody a récemment publié un rapport, faisant passer les perspectives de la cote de crédit du gouvernement chinois de « stable » à « négative », pour des raisons notamment liées à l'augmentation de la dette publique qui a conduit à une faiblesse financière et à des sorties de capitaux ayant eu pour résultat une réduction des réserves de devises, faisant peser une incertitude sur les capacités de la Chine à poursuivre la mise en œuvre des réformes.
Les conclusions de Moody sur l'économie chinoise sont-elles objectives et équitables ? De nombreux experts en doutent. Certains experts disent que les opinions du rapport sur l'économie chinoise elle-même ne sont pas exhaustives et ne semblent pas avoir pris en compte le fait de savoir si les fondamentaux économiques de la Chine à long terme ont ou non changé en bien, que la restructuration économique de la Chine a déjà porté ses fruits, que le secteur des services représente désormais la moitié du PIB de la Chine, et que la consommation de détail continue à stimuler la croissance du pays.
De toute évidence, s’agissant du degré de santé des finances chinoises, le rapport de notation lui-même fait l’impasse sur les aspects de dynamisme et de développement.
Dans son rapport d'activité du gouvernement de cette année, le Premier ministre Li Keqiang a clairement souligné la poursuite de la mise en œuvre d’une politique fiscale proactive et d’une politique monétaire prudente, et que le taux d'augmentation du déficit se montera cette année à 3%. Cela permet d'obtenir plus de marges pour de nouvelles réductions de taxes, en particulier une baisse de la TVA pour le secteur manufacturier, ce qui permettra de renforcer davantage la compétitivité internationale de l'industrie manufacturière chinoise.
La Chine a clairement indiqué que les décisions prises illustrent le soutien apporté à la croissance économique par le biais d’une expansion budgétaire ; grâce au soutien à un taux d'épargne élevé, il est possible, avec des moyens comme le ratio de réduction des risques, d'assurer des conditions monétaires et de crédit plus souples. Reste à savoir si l'agence de notation américaine est en mesure de le comprendre...
Selon le Bureau national des statistiques de Chine, à la fin de 2015, les réserves de change du pays représentaient 32% de son PIB. D’après le rapport d'activité du gouvernement, le déficit budgétaire 2015 sera équivalent à 2,4% du PIB. Ces divers indicateurs démontrent pleinement la solvabilité du gouvernement chinois, qui est bien meilleure que la plupart des grandes économies occidentales.
La capacité du gouvernement chinois à mettre en œuvre les réformes ne saurait être mise en doute. Les réalisations économiques obtenues par la Chine, deuxième plus grande économie du monde, après plus de 30 ans de réforme et d’ouverture, sont remarquables. « Il suffit de briser cette barrière, et l'économie chinoise sera en mesure de renaître de ses cendres et de connaître la gloire ». Le Rapport sur le travail du gouvernement veut transmettre au monde la détermination sans faille et la confiance invincible du gouvernement chinois à promouvoir la restructuration économique, pour parvenir à un développement à grande vitesse.
À l'heure actuelle, l'économie chinoise est en effet confrontée à de grandes difficultés et à de rudes épreuves. Cependant, les opinions baissières extrêmes à l’égard de l'économie chinoise manquent de base factuelle, et sont même sans fondements.
Les trois grandes agences de notation Moody, Fitch et Standard & Poor détiennent un quasi-monopole sur l'activité du marché mondial, et elles ont une influence significative. Mais ces dernières années, l'équité de leurs critères de transparence et d'évaluation sur les activités commerciales ont fait l’objet de critiques. L’Union européenne s’est ainsi ouvertement élevée contre les « défauts » de ces systèmes lors de leur notation de la dette souveraine.
Après tout, peu importe que Moody et les autres agences de notation abaissent la cote de l'économie chinoise, ce n’est qu’un événement qui ne justifie aucunement qu’on en fasse tout un plat. Tout d'abord, parce que le public s’y attendait depuis un certain temps, et que partant il n’était pas trop inquiet à ce sujet ; ensuite, parce qu’il y a belle lurette que le ralentissement économique de la Chine fait la une de nombreux médias occidentaux, ce qui fait que les médias ne s’y intéressent plus guère.
(Par Sun Tianren et Yang Xun)